Comme nous l’avons vu dans l’histoire de Clermont, la cathédrale se dresse au sommet de la butte volcanique appelée le Plateau Central, aux pieds du Puy de Dôme. Imaginez la puissance du lieu.
C’est à cet endroit, où l’on a retrouvé des murs romains, que fut construit le premier édifice chrétien, aux environs de 450. L’évêque Namatius (saint Namace) la dédia aux saints Vital et Agricol (de Rome), deux hommes martyrisés en 304 à Bologne et dont les reliques furent retrouvées par saint Ambroise en 393. Nous avons une description de l’église primitive faite par Grégoire de Tours au VIe siècle dans son « Historia Francorum », qui nous apprend que l’église, la plus ancienne construite intra muros, était de plan basilical, ornée de marbre, possédait une nef et deux collatéraux. « Elle a 150 pieds de long (43,5m), 60 de large (17,4m) et 50 de haut (14,5m), possède 42 fenêtres, 70 colonnes et 8 portes ».
Abimée lors des affrontements entre Pépin le Bref et le duc d’Aquitaine en 761, elle est restaurée par l’évêque Adalbertus entre 764 et 768. Détruite lors des raids normands en 915, c’est l’évêque Etienne II, ancien abbé de Conques et frère du vicomte de Clermont, qui entreprit de la reconstruire en style roman.
Appelant Alleaume comme architecte, Il la dédia à la Vierge le 2 juin 946 : normal que 4 chapelles rayonnantes aient été prévues, les nombres pairs de chapelles étant réservés aux édifices dédiés au culte marial.
De cette époque date la crypte, devenue indispensable avec le développement du culte des martyrs. Redécouverte en 1885, les fouilles montrèrent qu’elle fut insérée dans les fondations existantes.
De cette époque date aussi la statue primitive de la Vierge perdue à la révolution. Le bâtiment servit de modèle à de nombreuses églises auvergnates, dont Notre-Dame-du-Port.
En 1248, l’évêque Hugues de la Tour, inspiré par l’adage « la mienne est plus grosse que la tienne », décida de faire construire une très belle, très importante et très moderne église dans le style gothique du nord. Il fit appel à l’architecte champenois Jean Deschamps, puis à son fils Pierre.
Malencontreusement décédé lors d’une croisade en compagnie de Louis IX, qui avait marié son fils Philippe III le Hardi avec Isabelle d'Aragon en 1262 dans sa cathédrale, Hugues ne vit jamais la fin du chantier. C’est son cousin, Guy de la Tour du Pin, qui prit la relève.
La nouvelle église fut construite en pierre de Volvic, pierre volcanique grise très résistante. Les travaux débutèrent donc en 1248 par la construction du nouveau chœur, puis suivirent le chevet, le transept éclairé de rosaces et la première travée de la nef. De 1325 à 1340, les tours des bras de transept furent élevées par un maître d'œuvre inconnu, dont la tour de la Bayette, qui doit son nom au guetteur que l'on postait à son sommet (bayer = regarder en vieux français).
De 1340 à 1355, Pierre Juglar de Cébazat, connu pour avoir travaillé à la Chaise-Dieu, acheva les trois travées de la nef, qui permirent de rejoindre les tours romanes de l'église d'Étienne II. La guerre de Cent Ans ralentit le chantier. Au XVe siècle, sous l'évêque Martin Gouge de Charpaigne, un atelier local s'occupa de la réalisation d'un jubé flamboyant.
Entre 1444 et 1474, le clocher dit « du retour » fut placé au-dessus du chœur. Il fut abattu au cours du XVIIIe siècle. A la fin du XVe siècle, les murs furent ébranlés par un tremblement de terre. Entre 1507 et 1512, sous l'évêque Jacques d'Amboise, une haute toiture couverte de plomb fut élevée en remplacement du toit d'origine en tuiles. C’est lui qui fut le promoteur de l’arbre de Jessé, qui orne l’extrémité du chœur.
Les révolutionnaires voulurent détruire la cathédrale. C’est le bénédictin Verdier-Latour qui empêcha le désastre, en les persuadant que l’édifice ferait un lieu de rassemblement populaire pratique. Malgré tout, trois des tours des transepts furent arasées, les statues des portails et les sculptures du tympan détruites ainsi que le jubé et l’autel. La tour de la Bayette fut épargnée car elle donnait l'heure…
L’église Saint-Pierre n’eut pas cette chance : il en reste un linteau en bâtière, incorporé à une façade d’immeuble sur la place des Gras, face à la cathédrale. Il représente le lavement des pieds des apôtres par le Christ, le jeudi saint.
La façade romane d'Étienne II fut abattue en 1851. Les plans de la nouvelle façade furent réalisés par Viollet-le-Duc qui ajouta deux travées et les flèches.
Les derniers travaux furent réalisés par Eugène Millet puis Anatole de Baudot, élèves de Viollet-le-Duc, démissionnaire du projet. Ils démarrèrent en 1866 et se terminèrent en 1884. Au tout début du XXe siècle furent ajoutés les escaliers et le perron qui précèdent la façade occidentale.
Une visite absolument incroyable de la cathédrale, avec de superbes photos d’endroits hors du commun, comme les combles ou les escaliers des tours : ici.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_Notre-Dame-de-l%27Assomption_de_Clermont
http://cathedrale-catholique-clermont.cef.fr/
http://www.archipicture.free.fr/france/auvergne/puy_dome/clermont_ferrand11.html
http://www.clermont-ferrand.fr/Patrimoine,270.html
http://www.philippe-gavet.com/07/04/02/
http://www.uquebec.ca/musique/orgues/france/clermontnda.html
http://www.urban-exploration.com/exploration-urbaine/index.php?ln=FR&r=cathedrale+clermont&exact=1
"La Cathédrale de Clermont" par Anne Courtillé