Le mont Saint-Clair de Sète
Le mont Saint-Clair est un endroit chargé d'une énergie tellurique puissante. Culminant à 175m, le mont, vu des alentours, ressemble à une baleine, ce qui fut à l'origine du nom de la ville étendue à ses pieds : Sète, issu du latin cetus et avant du grec kêtos, la baleine.
Les fouilles archéologiques du bassin de Thau mirent à jour des traces d’habitat datant de l’âge du bronze, sous deux mètres d’eau au large du quartier du Barrou. L’endroit fut habité par les celtes, puis les grecs et les romains. La position du mont, ainsi que sa hauteur, en fit un refuge pour la navigation, et ainsi, l’endroit devint une étape commerciale maritime.
Au IXe siècle, le mont fait partie de l'abbaye d'Aniane, puis d'Agde. Il devint un poste de veille contre les pirates puis les corsaires, comme le célèbre Barberoussette, pirate du XVIe siècle qui allumait des feux sur le mont pour attirer les bateaux.
Le mont ne fut jamais très peuplé, mis à part quelques pêcheurs travaillant sur l’étang de Thau. Au XIIe siècle, un oratoire dédié à saint Clair fut construit à son sommet. En 1586, le fortin de Montmorencette y fut construit en l’honneur d’Henri II de Montmorency. Richelieu le fit démolir en 1682. C’est à cette époque qu’un ermite, frère Hilarion, vint s’installer dans les ruines. D’autres moines le suivirent et bientôt un petit monastère s’installa.
Au XIXe siècle, la chapelle fut reconstruite, s’appuyant sur les restes de pans de murs militaires. Elle fut dédiée à Notre-Dame de la Salette le 19 septembre 1866.
La tour de la chapelle pourrait être confondue avec un clocher. C’est en fait un ancien signal géodésique (qui indique une position précise et qui fait partie d'un réseau de triangles avec d'autres sommets géodésiques). Il est surmonté d’une statue de la Vierge.
A ses côtés existait un sémaphore (du grec sema, signe et phoros, qui porte : poste de guet établi sur la côte, chargé de surveiller les approches maritimes et de signaler par signaux optiques toute activité ennemie) démoli par les Allemands en aout 1944.
Plusieurs légendes racontent l’histoire sous un autre angle… Comme celle de l’ancien golfe de Thau et de sa ville, dont les habitants, devenus trop fiers, furent punis par Poséidon. Il remonta avec son trident une énorme baleine, qu’il déposa à l’entrée du golfe. La baleine, apercevant le dieu de la Mer, se pétrifia, devenant le mont Saint-Clair. Le golfe devint alors étang.
L’histoire médiévale des trois frères de Saint-Martin de Londres (dont l’étymologie dérive du mot celtique lund qui signifie marais) est aussi très jolie. Les trois frères, Guiral, Loup et Clair, étaient amoureux de la même jeune fille. Seuls leurs exploits guerriers devaient les départager. Ils revinrent des croisades couverts d’honneur.
Mais la belle ne put choisir, étant morte la veille. Ils décidèrent alors de vivre en ermites. Ils montèrent chacun sur l'un des trois pics formant un triangle autour de Saint-Martin, et tous les 24 décembre, ils allumèrent des feux à leur sommet pour signaler leur présence. Il y eut trois feux, puis deux, puis un seul, et enfin, plus rien. En leur hommage, les trois pics furent appelés Saint-Guiral, Saint-Loup et Saint-Clair.