Saint-Bertrand-de-Comminges, la cathédrale Sainte-Marie, l’intérieur
L'édifice roman du XIe siècle, à plan basilical pyrénéen, fut construit sur un édifice plus ancien.
35 De l'édifice roman subsiste l’avant-nef et le narthex, constitué d'arcs brisés et au dessus duquel s’élève le clocher-tour.
Le buffet d'orgue attribué à Nicolas Bachenier et datant de 1550, est placé dans l’un de ses angles. Il est élevé sur pilotis grâce à 5 colonnes cannelées. Ses sculptures représentent des scènes profanes champêtres et les travaux d'Hercule.
La nef gothique comporte un vaisseau unique à trois travées, de 75 mètres de long, 16 de large et 28 de haut. Des chapelles latérales sont situées entre les contreforts.
Le chevet polygonal loge cinq chapelles rayonnantes entre les énormes contreforts qui assurent la stabilité des voûtes.
Dans la chapelle Notre-Dame se trouve le tombeau d'Hugues de Chatillon. Réalisé par le maître de Rieux, en marbre, il est considéré comme l’une des plus belles œuvres de l'art funéraire français.
Le gisant de l'évêque, encadré d'animaux et d'angelots, repose sur une dalle en marbre noir qui le sépare du sarcophage sculpté d’une procession funèbre de 70 personnages.
Les chapiteaux
Les chapiteaux historiés sont l'œuvre de maîtres aragonais et des ateliers toulousains. Parmi les sculptures romanes de l’avant-nef, nous retrouvons l’acrobate, les jambes pliées vers le ciel. Le retournement commence.
Plus loin, un homme se tient à un bout de bois, encore ancré dans la matière. A ses côtés, l’homme couronné, l’initié, tient sa tête d’une main : le matériel supporte le spirituel.
Le mausolée de Saint-Bertrand
Il fut élevé au début du XVe siècle par l'évêque Pierre de Foix pour recueillir les restes de saint Bertrand. La face tournée vers le chevet est couverte de peintures sur pierre datant du XVIIe siècle, reproduisant les scènes miraculeuses de la vie du saint.
Un autel y est adossé, au-dessus duquel s’ouvre une niche où est conservée la tête de saint Bertrand, dans un buste argenté.
La face tournée vers le chœur est percée d'une cavité contenant la grande châsse d'argent et d'ébène où repose le corps. Cette châsse ne sort à l’extérieur en procession qu’à l’époque des grands jubilés, quand le 3 mai tombe un vendredi.
Les stalles du chœur
L’église de bois insérée dans l'église de pierre par l'évêque Jean de Mauléon et inaugurée la nuit de Noël 1535, fut réalisée par des artisans français, italiens, espagnols et allemands. Au sommet du jubé, un aigle tourné vers l’autel donc vers le soleil levant, dominait les stalles.
Le dispositif des stalles permettait aux chanoines du chapitre de s’isoler du public pour l’office. On compte 66 stalles, 38 hautes et 28 basses.
Chacune se compose d’un siège à charnière muni d’une étroite banquette appelée miséricorde. Les parcloses, cloisons se terminant par des accoudoirs, les séparent.
Plusieurs thèmes sont abordés, qu’ils soient religieux ou totalement païens. Par exemple la représentation des 12 Sibylles, prêtresses d'Apollon personnalisant la divination et prophétesse (d'Erythrée, de Tibur, d'Hellespont, de Marpessos, de Cumes, phrygienne, persique, libyque, cimmérienne, delphique, samienne, et Agrippa), symbole de la sagesse du paganisme.
La sagesse du monde ancien est prolongée par les 7 vertus théologales qui adaptent les facultés de l’homme à la participation de la nature divine (charité, foi, espérance, tempérance, prudence, justice et force).
Le thème de la luxure parait déplacé…. Mais nous voyons ça avec nos yeux du XXIe siècle, et du mauvais côté. Ce n’est pas du tout le péché qui est représenté, mais la transmission du savoir, la symbolique en étant le vecteur. Comme pour l’homme chevauchant la sirène, qui ne laisse aucun doute là-dessus. Dans la tradition pythagoricienne, la sirène chante la musique des sphères. Celui qui la chevauche retrouve l’harmonie primordiale.
Le trésor
Dans le trésor de la cathédrale se trouve la mitre en soie brodée de fils d'or du XIIe siècle que la tradition attribue à Bertrand. D’autres pièces datent du XIIIe siècle, comme la crosse en bronze doré retrouvée dans le tombeau de Bernard de Mirement, évêque de 1263 à 1286.
Le reliquaire en forme de tour, le coffret en bois plaqué d'os ou la bourse à reliques datent du XIVe siècle.
Des fragments de broderie et des sandales, des gants liturgiques datent du XVe.
Mais la pièce la plus mystérieuse, c’est la « Licorne ». Ce serait la hampe d’une crosse épiscopale. A l’époque, elle était sensée être une corne de licorne, elle n’est qu’une pièce d’ivoire faite en défense de narval. Au Moyen Age, ces cornes, vendues par les peuples du nord des fortunes, avaient la réputation de posséder de nombreux pouvoirs de guérison et des vertus de contrepoison.
Ces propriétés attribuées dès le XIIIe siècle en ont fait l'un des remèdes les plus chers et les plus réputés au cours de la Renaissance dans les cours royales. Bertrand de Got, ancien évêque de Comminges (qui prendra le pseudonyme d’évêque à la Licorne), vouait une véritable fascination à l’objet, qu'il lèguera à la cathédrale.