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27 avril 2011

Chartres, les Vierges



Le culte marial, qui remplaça le culte de la déesse-mère, associé au culte des eaux, fait de Chartres un lieu symboliquement attaché à la pureté, à la naissance, au passage. Il nous a donné les vierges, que l’on dit chrétiennes. Allons à la rencontre de ces Dames de Chartres.

Je vous invite à découvrir, pour ceux qui ne la connaissent pas, l’histoire des vierges noires.



Notre-Dame-de-Sous-Terre



Chartres_crypte_14Comme nous l’avons vu, nulle statue de vierge noire ne fut mentionnée dans l’histoire avant le XIII ème siècle. L’antique statue de la Mater primitive a du probablement exister, mais nous n’en avons que des traces non vérifiables. J’imagine que la vierge noire que nous connaissons, et d’après les descriptions qui en ont été faites, fut placée dans la crypte, comme la plupart de ses sœurs auxquelles elle ressemblait, entre le X ème et la fin du XII ème siècle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chartres_vierge_noireDevant la vierge noire, les chartrains, tous les ans, déposaient une « chandelle de deux cent livres dont la longueur correspondait à celle des remparts de la ville », mettant ainsi toute l'enceinte de la cité sous la protection mariale. En 1790 fut promulguée l'interdiction d'accès à la crypte, le lendemain de Noël. Celle qui devait être vénérée dans l’obscurité, au ventre de la Terre, fut déplacée en 1791 par l’évêque constitutionnel Bonnet, qui la mit sur un pilier de la nef à la place d’une autre statue de la Vierge. C’est lui qui fit aussi disparaître le puits de la crypte.

En 1793, elle fut brûlée par les révolutionnaires. Celle que nous pouvons voir actuellement est assise sur un trône dont le socle porte l’inscription Virgini parituræ. Elle n’est qu’une copie. Mais elle garde le souvenir de sa sœur, de par sa position et de par la vénération des fidèles dont elle est encore l’objet.

 

 

 

Notre-Dame-du-Pilier



Chartres_46aCette statue fut sculptée dans du bois de poirier en 1497 et placée devant le jubé. Elle ne doit son existence qu’à la volonté du clergé de l’époque d’empêcher les fidèles de descendre dans la crypte. Marrant comme ceux qui tirent les ficelles des religions n’aiment pas que le commun des mortels profite des cadeaux que nous ont légué les anciens, et font tout pour que l’on ne puisse accéder aux antiques traditions. Elle fut posée au nord-ouest du transept, sur l’un des piliers du jubé détruit au XVIII ème siècle.

 

 

 

 

 

 

 

 

Chartres_45En face d’elle se trouvait une vierge en albâtre, blanche. Le pilier unit le ciel et la terre. La vierge repris quand même symboliquement l’une de ses fonctions. Il est dit que le pilier était en résonnance avec un pilier de la crypte, et que les pèlerins le touchaient afin d’en prendre les énergies.

 

 

 

 

 

 

Chartres_47Elle fut descendue dans la crypte en 1791 et mise à la place de Notre-Dame-de-sous-Terre. Elle ne dut sa survie à la vindicte des révolutionnaires qu’à cette translation, puisque ce fut la vraie vierge noire qui fut brûlée à sa place. Elle fut remise sur un pilier en 1855, lors de la cérémonie de son couronnement.

 

 

 

 

 

 

 

 

Notre-Dame de la Belle Verrière



Chartres_14cLa troisième vierge s’appelle Notre-Dame de la Belle Verrière. Entourée de deux autres panneaux, elle faisait partie d’un vitrail réalisé en 1180. Le vitrail devait se trouver dans l'abside de la cathédrale romane de Fulbert, derrière l'autel majeur, et ainsi, par sa position, fut sauvé de l’incendie de 1194.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chartres_14aLors de la reconstruction de la cathédrale, ce panneau fut enchâssé dans une composition du XIII ème siècle qui prit place à l’entrée sud du déambulatoire. Elle fut dès le départ l’objet d’une grande vénération.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chartres_14bEst-ce dû au mystère du voile de la Vierge qu’elle semble porter sur sa tête, comme sa couronne qui ressemble à celle de Charles le Chauve qui fit don du voile à Gislebert ? Est-ce dû aux secrets alchimiques de la composition du bleu (le bleu de Chartres, riche en composés sodiques et en silice, transmet des radiations situées dans la gamme des rouges et la lumière du soleil couchant l’exalte) ? Est-ce dû à sa position, face à la vierge du Pilier, entre la deuxième et la troisième travée du chœur, chœur qui contient le point de croisement des courants telluriques de la cathédrale, entouré uniquement à cet endroit de quatre piliers ronds et nus, sans colonnettes ? Est-ce dû aux secrets qu’elle porte en elle, au tapis en losange à ses pieds, aux couleurs du Grand-Œuvre qui transmute matière et esprit ? Est-ce dû à la signature des druides, les trois rayons de lumière du Triban, tenue au-dessus de sa tête par une colombe représentant le Saint-Esprit, ou bien l’Esprit saint ? Est-ce dû à sa forme en mandorle entourant l’enfant, telle la représentation du creuset qui donne naissance à l’homme nouveau ?

Chartres_14Une restauration malencontreuse en 1906 a laissé sa tête inclinée vers la droite… Haute de 2 mètre 25, elle porte l’enfant. Il tient un livre ouvert, sur lequel est écrit un passage du livre du prophète Ésaïe : "omnis vallis implebitur","toute vallée sera comblée". La suite : « Toute montagne et toute colline seront abaissées; ce qui est tortueux sera redressé, et les chemins raboteux seront aplanis ». C’est la voie du droit chemin.

 

 

 

 

 

 

 


La peinture murale



Chartres_crypte_17cDans la crypte, première travée du mur sud de la galerie de Notre-Dame-de-Sous-Terre, fut trouvée et restaurée en 1976 une peinture murale associant la fresque et la détrempe.

Chartres_crypte_18

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chartres_crypte_16Il s'agit d'une vierge en majesté au centre, avec peut-être l’adoration des mages, large d’environ 5 mètres et haute de 4. Elle est datée de l’an 1200. La vierge est représentée assise sur une cathèdre, l’enfant sur les genoux. Elle porte elle aussi les couleurs du Grand-Œuvre, de la transmutation.

 

 

 

 

 

La vierge du tympan



Chartres_43aSculptée sur le portail Royal vers 1150, au-dessus de la porte de droite, dit de la Vierge ou de l’Incarnation, elle est l’une des premières représentations de la Vierge en majesté au tympan du portail d’une cathédrale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chartres_43Il est dit que l’imagier qui la sculpta prit pour modèle la vierge noire de la crypte. Elle aurait inspiré la Vierge du portail Sainte-Anne à Notre-Dame de Paris.

 

 

 

 

 

 

Le voile de la Vierge



Chartres_48Ce n’est qu’en 876 que le pèlerinage de Chartres prit de l’importance dans le monde chrétien, à la suite d’un don du roi de France : le ‘Voile de la Vierge’, qui devint la relique majeure de la cathédrale (et non pas la vierge noire). Ce pèlerinage fit la richesse de la cité et des institutions religieuses. Autrefois connue sous le nom de ‘Sainte-Chemise’, elle était censée avoir été portée par Marie lors de la naissance de son fils, ou lors de l’annonciation, au moment où le verbe fut conçu. La relique, enfermée dans un coffre en cèdre de 20 kg, appartenait à l’empereur romain de Byzance, Constantin V, qui l’envoya à Charlemagne en 792. Il fut confié à l'abbé d’Aix-la-Chapelle, puis le petit fils de Charlemagne, Charles II le Chauve, l’offrit à Gislebert, évêque de Chartres. Il fut enfermé dans une châsse exécutée peu après l'an mil par l'orfèvre Teudon et ne fut jamais ouverte jusqu’à la révolution.

Chartres_SteLe culte de Notre-Dame prit des proportions telles que les pèlerins se virent obligés de dormir par terre dans la cathédrale, le sol devant alors être lavé à grande eau. C’est la raison pour laquelle le dallage fut aménagé afin que l’eau puisse s’écouler du bas-côté nord au bas-côté sud. La "Sainte-Châsse" fut mise devant le retable du maître-autel, et les pèlerins rapportaient de Chartres, comme objets de dévotion, soit de véritables chemises, destinées surtout aux gens de guerre ou aux futures mères, soit de petits insignes en forme de "chemisette", encore en usage aujourd'hui.

 

 

 

Chartres_89L’épisode le plus connu, sans parler des miracles divers et variés obtenus grâce au voile, fut sans doute celui de son sauvetage par des sacristains lors de l’incendie de 1194 : la charpente en feu fit fondre le plomb, et les courageux clercs sauvèrent le voile en l’emportant dans la crypte que les poutres enflammées ne purent atteindre. Ils refermèrent sur eux la trappe de fer située près du maitre-autel, et furent retrouvés sains et saufs 3 jours après, ayant conservé avec eux l' « essentiel ». Point mention d’une statue antique sauvée ce jour là. Mais la symbolique des 3 jours fait bien penser aux tré-passés, au passage, symbolique que nous étudierons plus tard.


La châsse resta close jusqu'en 1712, date à laquelle Mgr de Mérinville la fit ouvrir. Enveloppée dans une écharpe de l'impératrice Irène de Constantinople décorée de fleur et d'oiseaux s'inspirant de l'art égyptien, la « chemise » était en fait une pièce d'étoffe de soie écrue, parfaitement unie, de 5,35 m sur 0,46 m. La relique prit alors à ce moment là le nom de « Voile ». La châsse fut rouverte en 1793 pendant la révolution, le voile fut découpé en morceaux qui furent vendus. En 1809, Monseigneur de Lubersac, évêque de Chartres, en récupéra plusieurs morceaux, et une analyse scientifique, faite en 1927 par M. d'Hennezel, conservateur du musée des tissus de la chambre de commerce de Lyon, montra que l’étoffe, un voile de tête, fut tissée au Moyen-Orient au début de notre ère. Une analyse du pollen des fleurs, découvert inséré dans les fibres, a démontré qu'il provenait de plantes ne poussant que dans la région de Judée.

Le voile de la Vierge, seul objet connu que la tradition dit lui avoir appartenu, peut faire penser au voile d’Isis…  « Je suis tout ce qui fut, ce qui est, ce qui sera, et aucun mortel n’a encore osé soulever mon voile ».  Sous ce voile, se cachent tous les mystères et le savoir du passé. Le retrait du voile d’Isis représente la révélation de la lumière et réussir à soulever le voile d’Isis, c’est devenir immortel.

Hermès Trismégiste, par l’intermédiaire de Louis Ménard dans « Rêveries d’un païen mystique », dit :

« Ces livres renferment les formes primitives de la révélation religieuse. Là, l’intelligence humaine, dans le libre essor de sa virginité, a traduit par des symboles multiples ses premières intuitions de la nature des choses. Chaque peuple a tressé avec amour un pan de ce riche manteau semé de fleurs et d’étoiles. Comme la parole traduit la pensée, l’immuable vérité se manifeste par le spectacle changeant des apparences ; c’est là le voile mystique de la grande Isis. Il était transparent pour le clair regard de l’humanité naissante ; la mère universelle n’avait pas de secrets pour l’enfant qu’elle berçait dans ses bras. Il devient impénétrable pour les races vieillies, et aucun œil mortel ne peut le soulever. Les lumières du ciel s’éteignent dans l’ombre du soir, la nature s’enveloppe de silence, ses oracles sont muets pour nous. Nous disséquons une à une toutes les fleurs de sa robe, mais la vie échappe à l’analyse, l’origine et la fin des choses se dérobent à l’œil de la science, et nous ne pouvons entrevoir le secret de notre destinée qu’en interrogeant la langue des symboles, cette langue mystérieuse que parlaient nos pères et que nous ne comprenons plus. Conservons donc, ô Asclèpios, ce dépôt sacré des traditions religieuses ; c’est l’héritage du passé qui doit être transmis à l’avenir. Puisse-t-il traverser les siècles ténébreux qui s’ouvrent pour le monde et apparaître intact aux premiers rayons d’une nouvelle aurore ! »  

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