Chartres_crypte_1A l’origine du sanctuaire, l’enceinte sacrée primitive se dota d’un puits. Il est purificateur et harmonisateur, et joue son rôle de régulateur par la mise à la terre des énergies cosmiques et telluriques. Le puits est associé au dolmen et à la déesse mère, représentée par Bélisama, déesse des eaux qui donna son nom à la Beauce. Les eaux miraculeuses, lunaires, activées par les courants telluriques et cosmiques du lieu, solaires, attirèrent les foules.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De grandes similitudes avec le Puy-en-velay :


Le_Puy_2a« Ces blocs datent du Ier siècle et ornaient le premier temple qui enserrait le dolmen. C'est là aussi que se trouve le puits. Il est aujourd'hui condamné, mais eut autrefois la renommée d'une eau miraculeuse, ainsi qu'en fait foi l'inscription située sur le mur au dessus des blocs sculptés: "Fons ope divina languentibus est medicina subveniens gratis ubi deficit ars Ypocratis", " par œuvre divine, cette fontaine est une médecine qui subvient gratuitement aux malades là où l'art d'Hippocrate fait défaut". »

 

 

 

Le_Puy_1aAu Puy, la grande déesse est représentée par Isis et son voile : « Au dessus du tympan, une frise de "S", que l'on retrouve dans les fondations de la cathédrale au niveau des vestiges romains. Les "S" sont séparés les uns des autres par une barre verticale. Il ne reste plus qu'à lire: -ISISISIS-.»

 

 

 

Chartres_Puits_des_Saints_FortsLe puits fut creusé sans revêtement de maçonnerie dans le tuf très résistant formé par la couche supérieure du calcaire de Beauce et se termine au fond par une sorte de cuvette ovoïde creusée dans un lit de silex. Sa profondeur totale, mesurée à partir du niveau du sol de la crypte, est de 33 mètres 55, 37 mètres au-dessous du dallage du chœur. La voûte se tient à 37 mètres au-dessus de ce dallage… ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, l’appareil cosmo-tellurique est fonctionnel. Il fut tout d’abord foré sur plan carré de 1 mètre 20, comme le faisaient les celtes, puis fut repris par les romains en rond.

 

C'est au cours des XI ème et XII ème siècles que les malades affluèrent en ce lieu pour s'y guérir du Mal des Ardents. Dans le « Cartulaire de Saint-Père », rédigé en 1080, il est dit que le puits était, depuis l'année 858, l'objet d'un pèlerinage très fréquenté et qu'il s'y opérait beaucoup de miracles. Dans « Le livre des miracles de Notre-Dame de Chartres » de Jehan Le Marchant, écrit entre 1252 et 1262 d’après un ouvrage latin antérieur, un de ces miracles est raconté : « pendant qu’on faisait la procession dans la crypte, un enfant de chœur tomba dans ce puits et il fut impossible de retrouver son corps. Mais l’année suivante, lors de la même procession, on fut étonné de le revoir, vêtu de son aube, qui n’était point mouillée, et tenant son cierge à la main. Il déclara qu’au moment de sa chute, une belle dame, vêtue de blanc, l’avait reçu dans ses bras, l’avait soignée pendant toute l’année et l’avait ensuite remis à sa place. »

Il fut comblé en 1580, peut-être même dès le XIII ème siècle, et caché vers 1650 par le clergé peu favorable aux pratiques de l’ancienne religion, et fut retrouvé en 1901 par René Merlet. Dans les sanctuaires dédiés aux cultes des eaux se trouvaient fréquemment des images de divinités protectrices que l’on appelait les Mères, représentées assises avec un enfant sur les genoux.