La Vierge à l’enfant
La plus belle pièce abritée par cet édifice. Après avoir subi une phase de restauration, la statue a réintègré l'église Notre-Dame. Cette Vierge peut être apparentée à celle de Châteauneuf-en-Auxois, que l'on considère généralement comme une sculpture de Jehan de Marville (fin du XIV ème siècle). Si cette statue ne peut directement lui être attribuée, elle provient certainement d'un atelier dijonnais contemporain.
La chasse de saint Hubert
Bas-relief, pierre, XVI ème siècle (avant 1547). Il était, à l'origine, le retable d'un autel adossé au premier pilier près du chœur.
La mise au tombeau
C'est une mise au tombeau du début du XVI ème siècle certainement, mais de facture très proche de la statuaire bourguignonne du XV ème siècle. Elle est considérée comme une des œuvres régionales les plus remarquables en la matière. Sans être attribuée à un sculpteur renommé, elle est certainement due à un artiste de cette école bourguignonne, encore peu influencée par l'Italie. Un détail significatif : au moyen-âge, on ne sculpte que ce qui se verra. Si on regarde bien, seuls les personnages du premier plan sont sculptés en pied. Les restes de polychromie, puisqu'alors toutes les statues étaient peintes de couleurs vives, permettent d'imaginer son aspect initial. Composée de sept personnages autour du Christ, visages expressifs, nez souligné, yeux bombés en amande, cette mise au tombeau est typique de l'école bourguignonne.
A gauche Nicodème - son turban a glissé dans l'effort - plisse les yeux en s'arc-boutant pour tenir le linceul et poser délicatement le Christ. Avec Joseph d'Arimathie, il retient le linceul car le corps du Christ est prêt à rouler sur le côté. Il a enfilé un pan de sa tunique dans sa ceinture pour être plus à l'aise et dégage son pied botté. A droite Joseph d'Arimathie est donc richement vêtu : il porte un pourpoint festonné ; son turban est plus soigné, ses cheveux et sa barbe soigneusement taillés et fournis. A l'arrière, les femmes et Jean. Au centre Marie. A sa droite, deux femmes, un vase à parfum en main, la tête couverte d'un voile. Il s'agit probablement de Marie, mère de Jacques (le cousin de Jésus), et de Salomé. Entre elle et Marie, Jean se tourne vers Marie. Son visage est imberbe, suivant la tradition. Marie, au centre, visage fermé, porte des vêtements de veuve semblables à ceux des religieuses. Le réalisme de la sculpture sacrifie certainement la beauté des traits des différents personnages mais souligne au contraire leur authenticité. Authentique aussi, le Corps du Christ. Il est presque traité de façon anatomique : c'est un cadavre que l'artiste a représenté.
Les piéta
Il y a deux "Piéta" dans l'église, du XVI ème siècle toutes deux, et pas très loin l'une de l'autre. Elles se situent dans le bas-côté gauche en entrant par la grande porte. Pour les piéta, deux difficultés étaient à vaincre : garder des proportions justes et donner une attitude vraisemblable au Christ dans la mort.
Ni l'une ni l'autre des "Piéta" de Talant n'arrive à résoudre ce problème. Naïvement, peut-être maladroitement, ces "Piéta" nous parlent de la piété de leur époque qui se reconnaissait dans ce visage douloureux de Marie. Pas de pathos à l'italienne avec bouillonnement des tissus et exaltation des sentiments mais une statue simple où la douleur transparaît.
Marie Madeleine
Cette statue en pierre est le chef d'œuvre de maîtrise des quatre frères Péchinot, sculpteurs à Talant. La longue chevelure, le vase de parfum, tous ces objets lui donnent son identité : Marie-Madeleine. Très tôt la tradition populaire a confondu en une même personne la pécheresse anonyme Marie de Magdala, présente lors de la crucifixion et de la mise au tombeau, et Marie de Béthanie, sœur de Lazare et de Marthe. La légende la fait arriver en Provence où elle suscite de nombreuses conversions avant de se retirer dans la grotte de la Sainte Baume. Légende peut-être forgée, en tout cas propagée dès le XI ème siècle, par les moines de Vézelay pour authentifier les reliques de leur abbaye. Marie-Madeleine est, dès lors, l'image exemplaire de la pécheresse repentie et sanctifiée.
Saint Denis
Saint Denis est reconnaissable entre tous avec sa tête coupée, coiffée de la mitre. La légende s'est emparée de bonne heure de ce martyr décapité à Paris au IIIème siècle, le confondant avec un autre évêque, Denys, converti par saint Paul et devenu le premier évêque d'Athènes. Il porte donc des habits épiscopaux. Lors de son exécution, il ramassa sa tête coupée et marcha jusqu'à l'endroit de sa sépulture. En 639, le roi Dagobert fit transporter les reliques dans l'église de Saint Denis qui devint progressivement le sanctuaire de la monarchie française. L'artiste l'a représenté de front, le bas du corps animé d'un mouvement de rotation entraînant les vêtements en oblique de la gauche vers la droite. Son visage rond, au nez abîmé, ses yeux mi-clos pour exprimer la bienveillance s'éclairent d'un léger sourire. Il est coiffé d'une mitre qui laisse apparaître sa chevelure et il présente sa tête sur sa main gauche, ouverte comme un plateau, à mi-poitrine. Sa main droite est levée et bien que les doigts en soient cassés, on peut voir qu'elle bénissait.
Saint Étienne
A proximité de Marie-Madeleine un groupe, saint Étienne et la donatrice, c'est-à-dire la personne qui a commandé la statue et en a fait don à l'église, vraisemblablement une Talantaise. Le groupe est figuré en position frontale, mais le saint se retourne sur la gauche, vers la femme, et tout le haut de son corps se trouve de face. C'est une œuvre dijonnaise du début du XVI ème siècle. Étienne est un jeune homme imberbe, le visage un peu poupin, aux traits réguliers, les cheveux courts aux mèches régulièrement alignées. Traditionnellement, il est toujours représenté ainsi, portant la dalmatique du diacre. Dans sa main, quelques pierres aux angles vifs, posées sur un livre, rappellent son supplice. Depuis le XIIème siècle en effet, il tient à la main les pierres de sa lapidation.
Saint Paul
En fait rien ne permet de la dénommer Paul. Certes il a les pieds nus, comme on représentait les apôtres, mais s'il tenait une épée, l'instrument de son martyre, elle a disparu et il aurait tout aussi bien pu tenir une palme, ou tout autre objet. La tradition représente Paul tantôt comme un vieillard chauve, tantôt comme un homme vigoureux à la barbe taillée. Si les apôtres, simples pêcheurs, étaient de condition modeste, Paul, artisan, était citoyen romain... mais l'artiste n'a pas hésité à le vêtir d'un gilet trop étroit, qui tire sur les boutons plissant dangereusement le tissu et laissant apercevoir la peau entre chaque boutonnière. C'est un détail trivial, amusant, comme saisi sur le vif, d'un personnage mal fagoté. Il est pieds nus, mais sur sa jambe droite tire-bouchonne une chausse visiblement décrochée. Est-ce Paul prêchant ? Ou arrêté sur le chemin de Damas ? Libre à chacun de préférer telle ou telle hypothèse.
Saint Roch
On remarque vite que l'animal tient dans la gueule un objet rond, sans doute un pain, que l'enfant porte des ailes - c'est donc un ange - et qu'il découvre la jambe droite du personnage central. Tous ces éléments nous renvoient à Saint Roch, né à Montpellier vers 1350, qui se fit ermite et passa une grande partie de sa vie en pèlerinage. Atteint par la peste, il se retira dans un bois où il fut nourri par le chien d'un seigneur voisin et soigné par un ange. Le culte de Saint Roch s'est répandu à partir du XVème siècle et le bubon de la peste qu'il exhibe en fait le saint guérisseur de cette maladie et de toutes celles qu'on englobait sous le même terme. Culte d'autant plus répandu que le souvenir de la peste noire (XIVème siècle) restait vivace. Barbu, le saint porte un large chapeau rejeté sur les épaules, marqué de deux clés entrecroisées signalant un pèlerin de Rome. Une longue pèlerine est attachée sur sa poitrine par-dessus une tunique rouge. Il est chaussé de bottes à revers, montant jusqu'aux genoux. L'arrière n'est pas sculpté, c'était donc une statue adossée. L'ange, de trois quarts sur la droite, soulève la tunique de la main gauche pour dégager la plaie qu'il va soigner de la main droite. Au pied droit du saint, le chien est couché, un pain dans la gueule.
Sainte Marguerite
Isolée, cette statue est souvent désignée comme sainte Marthe. Les rapports étroits entre les légendes relatives à sainte Marguerite et sainte Marthe expliquent cette confusion. L'œuvre abritée en l'église de Talant représente une jeune femme en prière, les mains jointes, un animal couché à ses pieds. La tête et la queue de la bête ont disparu, mais les pattes terminées par de longues griffes, l'allure générale efflanquée, un peu sauvage, la trace de la tête au bout d'un long cou replié sur le dos, l'amorce d'une queue que l'on devine puissante, se terminant en fouet sur la cuisse de la femme, tout cela permet d'identifier un dragon. Une légende provençale fait arriver Marthe avec Lazare et Marie-Madeleine en France après l'Ascension. Elle vainc, avec une croix et de l'eau bénite, la Tarasque, dragon fluvial, qu'elle mène ensuite en laisse. Quant à Marguerite, martyre grecque du IIIème siècle, sa légende a été popularisée en Occident par Jacques de Voragine dans sa "Légende Dorée". Lors de son supplice, elle est dévorée par un dragon alors qu'elle était en train de prier. Toutefois, ayant gardé une petite croix, elle réussit à percer le ventre de la bête et à sortir vivante. Elle est représentée avec le dragon couché à ses pieds.