Saint Saturnin
Le nom de saint Saturnin, ou saint Sernin après évolution, provient de Saturne, qui vient du latin « serere » = ensemencer.
Saturne était dans la mythologie le dieu de l’agriculture et du temps. Signification : le semeur.
Saint
Saturnin de Toulouse, aujourd'hui connu sous le nom de saint Sernin,
est le premier évêque chrétien de Toulouse connu. Il est fêté le 29
novembre. Le nom de Saturnin (Saturninus) a subi de multiples
évolutions que l'on retrouve dans de nombreux toponymes et patronymes
aujourd'hui.
Saturnin est envoyé de Rome par le pape Fabien, pour
évangéliser la Gaule. En passant par Nîmes, un disciple se joint à lui,
Honest. Ensemble, ils vont jusqu'à Pampelune, en Espagne. Ils y
rencontrent et consacrent le futur saint Firmin. Honest subit le
martyre, et Saturnin, accompagné de Hilaire, son futur successeur,
revient sur ses pas pour s'arrêter à Toulouse. Saturnin sillonne la
région à des fins d'évangélisation. En 250, attribuant le silence des
oracles à ses passages fréquents devant le Capitole (temple majeur de
la cité antique, dédié à Jupiter), des prêtres païens lui demandèrent
d'honorer l'empereur en lui sacrifiant un taureau. Son refus valut à
Saturnin d'être attaché au taureau du sacrifice.
Les historiens ont longtemps débattu pour savoir où se situait le Capitole à l'époque antique. Ce n'est qu'en 1993 grâce aux fouilles archéologiques du parking de la place Esquirol qu'on a pu déterminer que le temple se situait à cet endroit. La Passion de saint Saturnin, probablement écrite au cinquième siècle, nous apprend qu'il était pourvu d'un escalier monumental. La légende raconte que le taureau, pris d'une rage folle, descendit à toute allure les marches du Capitole, traînant derrière lui l'évêque. Sa tête explosa sur les marches du temple. Le taureau aurait rejoint la campagne en passant par la porte nord de la ville, la Porterie, alors protégée par des remparts, suivant le « cardo » romain (rue Saint Rome).
Le taureau aurait abandonné Saturnin sur la route de Cahors, la rue du Taur, lui donnant ainsi le nom qu'on lui connaît aujourd'hui. Le corps sans vie du malheureux fut recueilli par les saintes Puelles, deux jeunes femmes. Elles l'inhumèrent à l'endroit exact où son corps fut trouvé, dans un fossé assez profond pour que les païens ne puissent pas profaner la dépouille.
La légende dit que, battues par la foule, les saintes Puelles quittèrent la ville pour se réfugier dans le petit village près de Castelnaudary qui porte leur nom, le Mas-Saintes-Puelles. Hilaire, évêque au quatrième siècle, fit construire une petite église en bois, un oratoire, sur la tombe du martyr. C'est l'emplacement de l'église du Taur que nous connaissons aujourd'hui.
Saturne est une ancienne divinité romaine, agraire à l'origine (on lui attribuait notamment la protection des semailles), qui a été peu à peu assimilée au grec Cronos. Il régnait sur les cieux et sur la terre avant que Jupiter ne l'en chasse : il avait été prédit que l'un de ses enfants le détrônerait un jour. Et pour éviter cela, il dévora chacun de ses enfants à leur naissance.
Mais un jour, son épouse Cybèle et sa mère Tellus réussirent à sauver Jupiter en lui faisant avaler une pierre enveloppé dans des langes à la place de son fils. Plus tard, ce dernier réussira effectivement à chasser son père du pouvoir et l'obligera à régurgiter ses frères et sœurs (Neptune, Pluton, Cérès, Junon et Vesta).
Jupiter, dieu romain du Ciel, est aussi le père des dieux. On retrouve également des divinités semblables dans d'autres panthéons : Taranis chez les Gaulois, Thor et Odin chez les Scandinaves ou encore Dyaus Pitar et Varuna chez les hindous. Parmi les divinités, Jupiter tenait toujours le premier rang et son culte était le plus solennel et le plus universellement répandu. Ses trois plus fameux oracles étaient ceux de Dodone, de Libye et de Trophonius. Les victimes les plus ordinaires qu'on lui immolait étaient la chèvre, la brebis et le taureau blanc dont on avait eu soin de dorer les cornes. On ne lui sacrifiait pas de victimes humaines; souvent on se contentait de lui offrir de la farine, du sel et de l'encens. L'aigle, qui plane en haut des cieux et fond comme la foudre sur sa proie, était son oiseau favori. Le jeudi, jour de la semaine, lui était consacré (Jovis dies).
Nous
avons donc à Toulouse Saturne (Saturnin-Sernin), tué par les adeptes de
son fils Jupiter... Et pourtant, Saturne, ou Cronos, était souverain
de l'âge d'or de l'humanité. C'est pour lui que Janus, le dieu à deux
têtes, qui l'avait recueilli quand il fut chassé par Jupiter, créa les
Saturnales, afin de commémorer son règne.
Ces fêtes consistaient
principalement à représenter l'égalité qui régnait primitivement parmi
les hommes. Elles commençaient le 16 décembre de chaque année : d'abord
elles ne durèrent qu'un jour, mais l'empereur Auguste ordonna qu'elles
se célèbreraient pendant trois jours auxquels plus tard Caligula en
ajouta un quatrième. Pendant ces fêtes, on suspendait la puissance des
maîtres sur leurs esclaves, et ceux-ci avaient le droit de parler et
d'agir en toute liberté. Tout ne respirait alors que le plaisir et la
joie : les tribunaux et les écoles étaient en vacances ; il n'était
permis ni d'entreprendre aucune guerre, ni d'exécuter un criminel, ni
d'exercer d'autre art que celui de la cuisine ; on s'envoyait des
présents, et l'on se donnait de somptueux repas. De plus tous les
habitants de la ville cessaient leurs travaux. Les esclaves pouvaient
critiquer les défauts de leurs maîtres, jouer contre eux, et ceux-ci
les servaient à table.
Par reconnaissancepour Janus, le dieu détrôné doua d'une rare prudence qui rendait le passé et l'avenir toujours présents à ses yeux, ce qu'on a exprimé en le représentant avec deux visages tournés en sens contraires. Le nom de Janus est assimilable à un nom commun signifant « passage », ou gardien des portes. L'irlandais a dérivé de la même racine le mot désignant le « gué » et la porte d'une maison se dit en latin janua. Il est le dieu qui préside à toute espèce de transition d'un état à un autre...