Temple Church, l'église du Temple à Londres
Le complexe de Temple Church fut bâti par les Templiers au XIIème siècle, en remplacement des anciens bâtiments construits par Hugues de Payens dans l'ouest de Londres (High Holborn), devenus trop petits pour le nombre constamment en augmentation des chevaliers. Ils en firent leur siège principal en Grande-Bretagne.
L'église du complexe monastique fut consacrée le 10 février 1185 par Heraclius, patriarche de Jérusalem, à la vierge Marie. Le roi Henri II devait assister à cette cérémonie.
A cette époque, Guillaume le Maréchal (William Marshal), comte de Pembroke et de Longueville, était au service du roi. Après une vie marquée par la chevalerie dans toute sa splendeur, devenu régent d'Angleterre, il mourut le 14 mai 1219.
C'est en apprenant la nouvelle de sa mort que son ennemi, le roi de France Philippe Auguste, ordonna aux chevaliers de sa cour de porter un toast à la mémoire de son plus formidable adversaire, en lequel il reconnut le "Meilleur chevalier du monde". Ce titre lui est resté. Pour l'anecdote, sa vie a inspiré le film "Chevalier".
C'est son effigie, ainsi que celle de deux de ses fils William et Gilbert que l'on retrouve dans l'église du Temple, où ils furent enterrés.
Nous trouvons à leur côté Robert de Roos, quatrième baron d'Hamlake (1177-1227), Geoffrey de Mandeville, premier comte d'Essex (1092-1144), ainsi que des chevaliers restés anonymes.
Temple Church, apparemment bâtie en grès sur une ancienne église romane, ronde elle aussi, comportait alors deux parties : la rotonde, soi-disant construite pour rappeler le Saint-Sépulcre de Jérusalem,
et une partie rectangulaire que l'on appelait le chœur, étendu plus tard vers l'est.
L'entrée principale se trouvait sous un porche, que l'on qualifie de Normand, à l'ouest.
Il en reste quelques belles colonnes,
Plan du quartier au XIIème siècle
La rotonde, d'un diamètre de 16,76 mètres, est entourée par des colonnes en marbre de Purbeck, ce qui fut l'une des innovations de l’époque.
Ce marbre est en fait un calcaire du Dorset qui peut être poli très finement, donnant l'apparence du marbre.
Tout autour, des têtes que l'on qualifie encore aujourd'hui de grotesques, nous rappellent que la symbolique fut très importante pour les bâtisseurs de l'époque.
Le baptistère, du XIIème siècle, nous montre lui aussi des personnages symboliques, tels qu'un archer pourfendant un dragon, qui pourtant goûte à une pomme de pin, représentant la connaissance, un aigle déployant ses ailes.
Peu de temps après la construction de l'église, le fils d'Henri II, Henri III, prit les chevaliers du Temple sous sa protection, et émit le souhait de se faire enterrer à Temple Church.
De gros travaux furent alors accompli afin de recevoir la dépouille royale, le chœur n'étant plus adapté. La nouvelle église, consacrée le jour de l'ascension de l'an 1240 en présence du roi, fut dotée d'un chœur plus grand comportant un bas-côté central et deux bas-côtés latéraux de largeur identique.
La crypte fut conservée : la légende rapporte que des rites secrets d’initiation templière s'y déroulaient. Malheureusement, elle n'est pas accessible. C'est déjà bien de pouvoir entrer dans l'église, les heures d'ouverture au public étant très, très limitées : bien se renseigner avant !
Un des fils d'Henri III fut enterré dans le chœur. Finalement, le roi changea d'avis et choisit l'abbaye de Westminster pour sépulture. Son fils y fut transféré.
A la fin de l'ordre du Temple en 1307, leurs biens furent confiés aux Hospitaliers. Ainsi en alla-t-il pour le complexe de Temple Church. Une partie des bâtiments furent loués à deux collèges d'avocats (l'Inner Temple et le Middle Temple, deux des quatre "Inns of Court" que l'on trouve aujourd'hui, institutions de formation professionnelle destinées aux avocats et aux juges) et l'église devint leur chapelle privée, ce qu'elle est encore de nos jours.
En 1540, Henri VII abolit l'ordre des Hospitaliers et confisqua leurs biens. Temple Church appartint alors à la couronne d'Angleterre, et son responsable prit le titre de "maître du Temple". Il siège au Parlement en tant que primus Baro (premier baron du royaume). De nombreux bâtiments furent alors construits tout autour. Les avocats demandèrent alors la protection de leur bien, et le 13 août 1608, le roi Jacques VI Stuart leur accorda, dans une charte, l'utilisation du Temple à perpétuité, à la seule condition qu'ils entretiennent l'église.
A la suite du grand incendie de Londres en 1666, l'église fut restaurée malhabilement par Sir Christopher Wren. Une deuxième restauration eut lieu en 1841, Smirke et Burton décorèrent alors les murs et les plafonds dans le style victorien néo-gothique.
Lors de la deuxième guerre mondiale, un raid aérien allemand largua des bombes incendiaires le 10 mai 1941 sur le toit de l'église. Le feu prit rapidement, et détruisit tous les éléments en bois, charpente comprise. Les gisants, conservés dans des caisses en bois, ainsi que les colonnes, se fissurèrent.
Lors des travaux de restauration réalisés par les architectes Walter et Emil Godfrey, on s'aperçut que les colonnes avaient gardé l'inclinaison particulière qu'elles avaient lors de la construction de la première église. Les colonnes furent remplacées, mais gardèrent cette inclinaison. Il faudrait plus de renseignements sur l'angle, afin de pouvoir imaginer un semblant de symbolique à ce qui est nommé comme un "caprice architectural"... Une partie de l'intérieur en bois, conçu par Wren, fut retrouvé au musée de Bowes, dans le comté de Durham, et remis en place dans le chœur.
L'église fut remise en fonction en novembre 1958. Elle reçut un regain d'intérêt à la suite du roman de Dan Brown, "Da Vinci code", qui en fait l'un des lieux de l'énigme. De nombreuses tombes existent encore à l'extérieur de l'église.