L'église Saint-Nicolas de Beaujeu
Lorsque les premiers sires vinrent s'établir sur le rocher de Pierre-Aigüe, au fond du vallon qu'occupe Beaujeu, s'étendait, si l'on en croit une tradition très vraisemblable, un petit lac. Le chemin venant de Belleville prenait de l'altitude en côtoyant les flancs de la montagne de Gonty pour arriver à la forteresse des sires. C'est là, sous les murs protecteurs du château, que Beaujeu commence à naître. La construction de l'Eglise de St-Nicolas, vers 1130, créa un nouveau point d'attraction pour les nombreux artisans qu'amenait à Beaujeu sa situation sur la grande route de la Saône à la Loire. En, 1260, la ville obtint de Guichard IV des privilèges semblables à ceux de Villefranche. Dès lors elle prit un rapide développement.
L'église Saint-Nicolas de Beaujeu
C'est une des plus importantes églises romanes du Beaujolais. C'est le 12 février 1132 que l'église fut consacrée par le pape Innocent II, venu en France chercher un soutien contre son compétiteur, l'Antipape Anicet II (Pierre de Léon). Passant par Beaujeu, il consacra l'église et la dédia à Saint-Nicolas, qui était le patron du monastère dont il avait été l'Abbé.
L'église
avait été fondée par le puissant Seigneur de Beaujeu, Guichard III. La
légende raconte que le lieu où est implanté cette église était un étang,
que le fils du prince Guichard III, revenant de chasse, y voulu faire
boire son cheval et tomba dedans et ne parut plus; la nouvelle de cet
accident, si inopiné, étant portée à sa mère, elle voua de faire bâtir
une église au lieu où son fils paraîtrait, ce vœu ne fut pas plutôt
énoncé de la bouche de cette princesse, qu'on vit le prince fils,
remonter du fond de l'étang au dessus, ce qui fit que Guichard III fit
bâtir l'église au lieu où elle est encore présente.
Le Clocher
Imposant
par son antiquité, c'est le monument le plus ancien de la ville. C'est
le clocher clunisien en forme de lanterne, se terminant par une croix
surmontée d'un coq. Ce genre était en honneur au XIIème Siècle.
C'est
un lourd clocher carré à trois étages: l'étage supérieur est percé sur
chaque face de deux fenêtres à plein cintre dont la retombée intérieure
des archivoltes vient reposer sur un massif de trois colonnettes
disposées en demi-quinconces; la retombée extérieure des archivoltes se
fait sur des pieds-droits cantonnés chacune d'une colonnette. Les deux
groupes de fenêtres géminées sont séparés par une colonne engagée qui,
reposant sur le cordon d'où s'élève l'étage, va soutenir la corniche de
la flèche. Les arêtes verticales du clocher sont cantonnées elles-mêmes,
chacune des deux colonnettes. L'étage médian n'a qu'une fenêtre amortie
en plein cintre sur des pieds-droits cantonnés de colonnettes. L'étage
inférieur, très bas, est aveugle.
La Nef
Une longue nef, sans colonne ni pilier, est éclairée par sept fenêtres: trois sur le portail et quatre dans la nef, celle-ci est séparée du transept par un grand mur sur lequel deux puissants contre forts à ressauts contrebutent les piliers du clocher; ce mur est percé d'un grand arc triomphant en ogive doublée, surhaussée, et latéralement de deux étroits passages haut voûtés en arc brisé. Les travées du chœur sont voûtées, la centrale, en berceau brisé, les extérieures en compartiments d'arêtes. La dimension de la nef est de 30 mètres du portail au choeur, et de 12 mètres de largeur. Deux petites absides ou absidioles, voûtées comme la principale, flanquent celle-ci, éclairées chacune par une fenêtre en plein cintre.
Le
carré du transept, qui communique avec la travée de chœur par une
arcade en ogive doublée, est circonscrit par quatre forts piliers
carrés, cantonnés de colonnes engagées et supportant une coupole
octogonale sur trompes. Les bras de la croisée, voûtés en berceau par
une fenêtre, ils sont séparés du chœur par des arcs simples et du carré
du transept par des arcs doublés; tous sont en cintre brisé.
Au
centre de la croisée des transepts, une dalle de couleur grise fait en
sorte de séparer l'âme du corps. Pratique utile quand on pose le
cercueil du défunt dessus.
Les Pilastres de l'Abside
L'abside,
en cul-de-four, est entouré - ce qui est rare - d'une arcature à cinq
baies en plein cintre; les deux extérieurs sont aveugles, les trois
autres, refaites, ébrasées en sens contraire. Les retombées des arcs
s'atténuent sur des pilastres.
Ces pilastres, qui, dans l'abside,
encadrent les vitraux, sont au nombre de quatre, avec des chapiteaux
composés de motifs différents. Ces sculptures représentant des
guirlandes, des spirales savantes, des décorations faites d'entrelacs
compliqués.
Ils semblent reprendre la symbolique des piliers d'Avenas, en moins
complets. Nous retrouvons les 7 chakras avec la fleur correspondant aux
organes qu'ils gouvernent, puis une kundalini partant de la bouche d'un
homme. Des feuilles d'acanthes et des roses de Jéricho complètent la
décoration.
La chapelle sainte-Anne
Cette chapelle fut édifiée à la période du beau style gothique flamboyant, c'est-à-dire vers le début du XVème siècle.
La
voûte est garni de nervures savantes, qui viennent se résoudre aux
quatre angles en des corbeaux finement sculptés qui révéleraient plus de
détails s’ils n’étaient recouverts de peinture. La clé de voûte est
dentelée.
La chapelle est éclairée par une remarquable ouverture
partagée par un meneau central, qui s'entrelace avec ceux de étale avec
beaucoup de grâce les figurines contournées dans l’ogive. Il est dommage
que le temps n'ait pas respecté le vitrail qui garnissait cette
ouverture, une simple fenêtre le remplace.
L'autel de la chapelle est
en bois. Dans une niche creusée au dessus du tabernacle, on voit une
grande statue de Sainte Anne debout. À sa gauche, on trouve la Sainte
Vierge Marie encore fillette, tenant un livre ouvert et lisant les
Saintes Écritures sous la surveillance de sa mère.
Au pied des
statues, un petit tonnelet sur lequel on lit : « Confrérie de Sainte
Anne. 1866. » indique que Sainte Anne est la patronne des vignerons.
N'est-elle pas la grand'mère de Jésus, dont le premier miracle a été de
changer l'eau en vin aux noces de Cana ?
L'enfeu de la chapelle
L'enfeu
est cet enfoncement dans le mur de séparation de la nef avec la
chapelle, enfoncement dont la paroi est ajourée par de superbes
ouvertures taillées dans la pierre. Sa dimension est de 2,20 m de base,
de 0,60 m de profondeur. Le mot « enfeu » vient de enfouiret désigne une
sorte de caveau funéraire pratiqué dans un mur, comme on en voit dans
les catacombes.
On prétend qu'à la mort d'un Sire de Beaujeu, son
corps était exposé dans cet enfeu avant l'inhumation. La forme, la
grandeur et surtout l'étymologie du mot enfeu, enfouir, caveau, semble
être vraisemblable.
http://www.beaujeu.com/histoire.html