Histoire de l'abbaye Saint-Victor de Marseille
Le site
de Marseille fut occupé depuis longtemps par les hommes ( entre 27 000 et 19 000 avant notre ère ). Des fouilles
récentes ont mis au jour des vestiges d'une implantation néolithique dans la
ville qui remonte à 6 000 avant notre ère. Marseille fut fondée en - 600 par
des grecs de Phocée, aujourd'hui Foça en Turquie, et s'appelle à l'origine
Massalia. Romaine, son nom devint Massilia. Le Vieux-Port est un port naturel :
il porte le nom grec de Lacydon.
Erigée
dans un secteur de cimetières antiques, l'abbaye de Saint-Victor domine la rive
sud du Lacydon, faisant face à la cité établie sur la rive opposée. Une
ancienne carrière est devenue le réceptacle d'un culte funéraire dont les
origines, martyriales ou épiscopales, sont mal connues.
La basilique
paléochrétienne construite par un évêque de Marseille, Proculus ou Procule
(380-430), était composée d'un bâtiment constitué par l'actuelle chapelle
Notre-Dame de la Confession et de l'Atrium. Au Vème siècle, des
récits peu à peu amplifiés attirent les pèlerins et favorisent les inhumations
"ad sanctos", auprès des corps saints. Un véritable parcours de
dévotion est aménagé.
Jean-Baptiste
Grosson écrivit, en 1770, dans son Almanach : « L'origine de cette Église est
due à la piété des premiers Fidèles. Elle n'a d'abord été qu'une grotte ou
caverne qui étant pour lors éloignée de
La
dévotion qui s'installe sur le site de Saint-Victor dans le courant du Vème
siècle entraîne la création d'un lieu de culte rupestre. En
Dès lors, le parcours du pèlerin s'organise vers la partie la plus monumentale du sanctuaire. L'espace basilical consiste en une nef centrale et deux collatéraux voûtés d'arêtes. L'axe général de cette construction est nord-sud, donc perpendiculaire à l'orientation est-ouest de l'église supérieure actuelle.
Deux
tombes rupestres réunies côte à côte dans un caveau, premier aménagement
funéraire de cet édifice nouvellement construit, sont établies au centre même
de la nef. Elles renferment les dépouilles de deux hommes qui, à la suite des
fouilles de 1963, ont été considérés comme des martyrs, exécutés sous le règne
de Dèce, vers 250, peut-être celles de Volusianus et Fortunatus. Ils ont à
l'origine de tout l'ensemble cultuel. Cinq autres tombes rupestres sont
réparties tout autour.
Pour ce
premier monument, les Vème et VIème siècles sont les périodes essentielles
d'activités architecturales et funéraires. Le culte du martyr Victor est
attesté à la fin du VIème siècle. L'histoire de Victor, officier chrétien qui
aurait été exécuté à Marseille en 290, comporte une part majeure de flou et de
légende. Il aurait été officier chrétien, probablement dans une légion thébaine
aux ordres de Maurice, légion composée entièrement de chrétiens, qui fut entièrement
massacrée par l'empereur Maximien.C'est Euchère, archevêque de Lyon de 435 à
450 qui relate pour la première fois ce martyre de 6666 hommes, qu'il date de
302 .
Le site
est alors une basilica, lieu de pèlerinage qui devient un monastère aux abords
de l'époque carolingienne, vers 790. Clercs, pèlerins et moines cohabitent sous
le contrôle de l'évêque.
Durant la
période qui suit, époque obscure traversée d'invasions et de troubles
politiques, le monastère se replie sur lui-même. Il aurait été entièrement
ruiné vers la fin du IXème ou au début du Xème siècle.Ce n'est qu'en en 948 que
la vie monastique renait, sous l'impulsion de l'évêque Honorat II, parent du
premier Vicomte de Marseille, qui introduit la règle bénédictine.
En 977, le
nouvel évêque de la ville, Pons Ier, parent de Honorat II, continue l'oeuvre de
ce dernier. Peu après, en 1005, le monastère gagne son autonomie : Pons Ier « émancipa l'abbaye de toute
autorité étrangère, voulant qu'il vécut de sa vie propre et indépendante, sous
la règle de Saint Benoît et à la direction de ses abbés, comme les autres
monastères réguliers, sans être assujetti à quelque personne que ce pût être,
si ce n'est à titre de défenseur ». Le moine Guifred ou Wilfred (Wifredus),
originaire de l'abbaye de Psalmody (Gard), devint le premier abbé de Saint
Victor et entreprit de grands travaux, suite à la dévastation de l'abbaye par
les Sarrasins.
Une
première réorganisation architecturale médiévale, liée à la volonté de l'abbé
Isarn, moine catalan du XIème siècle, a laissé peu de traces tangibles. Ce
dernier est très lié avec Odilon, abbé de Cluny : « Ces deux lumières du monde
ne formaient qu'un seul cœur, une seule âme ». Une dédicace en 1040 consacre
une nouvelle église. C'est alors seulement qu'est attribué à Jean Cassien,
moine du Vème siècle, la fondation du monastère de Saint-Victor, afin de le
rattacher à une grande tradition monastique.
"Au
début du Vème siècle, arrive à Marseille un moine originaire de l’actuelle
Roumanie, Jean Cassien. Il avait séjourné à Bethléem, Constantinople, et en
Egypte. C’est peut-être Lazare, évêque d’Aix, qui l’avait amené avec lui en
revenant du concile de Diospolis. Jean Cassien est très probablement l’auteur
du règlement de Saint-Victor, les "Instructions cénobitiques" (entre
419 et 425). Cette règle fait de lui le législateur du monachisme
occidental."
L'abbaye
gagne en prestige et en richesses, permettant au XIIème siècle l'achèvement de
l'ensemble de l'église supérieure et la construction des bâtiments conventuels.
Durant la première moitié du Xlllème siècle, Hugues de Glazinis, (†1250),
sacristain de Saint-Victor, entreprend la reconstruction et l'agrandissement de
l'église (nefs actuelles). Au siècle suivant, sous l'impulsion de Guillaume de
Grimoard, ancien abbé de Saint-Victor qui devint le pape d'Avignon Urbain V,
interviennent la reconstruction de l'abside de l'église et la fortification de
l'ensemble.
Ces travaux de grande ampleur ont peu à peu modifié les anciens
bâtiments paléochrétiens et les ont transformés en crypte. Le plan basilical
fut modifié et réorienté. Un autel fut placé dans l'espace central. A l'ouest,
en remplacement des trois arcades et du mur latéral, une grande ouverture fut
aménagée sous deux arcs successifs. L'agrandissement de la carrière dans cette
direction créa une nouvelle nef qui correspondit à la nouvelle orientation de
la petite basilique.
Le
cloître et les bâtiments à l'usage des moines sont détruits durant la période
révolutionnaire. L'église devient un dépot de fourrage et des forçats sont
emprisonnés dans les cryptes. Elle est rendue au culte en 1804, mais
entre-temps, les cryptes ont été dépouillées de nombreux sarcophages et de
colonnes. L'aménagement du bassin de carénage en 1832 rompt la relation de
Saint-Victor avec le rivage tandis que l'urbanisation dessine de nouvelles rues
autour de l'église, seul vestige conservé de l'ensemble monastique.
Malgré
plusieurs campagnes de fouilles entreprises par fernand Benoit dès juillet
1943, puis entre 1963 et 1965, poursuivies entre 1970 et 1978 sous la direction
de Gabrielle Démians d'Archimbaud, certaines parties du site restent
inexplorées.
Sources
pour tout le reportage sur Saint-Victor :
"Saint-Victor de Marseille" de Michel Fixot et Jean-pierre Pelletier, d'où sont tirés les textes et les reproductions des panneaux à l'intérieur de l'abbaye
http://www.marseilles.com/musee/monument.html#victor
(photo st victor 2)
http://www.chez.com/saintvictor/victor_h.htm#top
http://perso.pacwan.fr/saint-victor/index1.htm
http://newadvent.org/cathen/
http://www.archerjulienchampagne.com/article-23443126.html
http://www.camoin.com/tarot/Marseille-Abbaye-Saint-Victor.html
http://www.encyclopedie-universelle.com/abbaye%20Saint-Victor-de-Marseille.html