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12 mai 2009

Notre-Dame de Confession, l'antique Vierge noire de Marseille

Abbaye_Saint_Victor_Marseille_87Le vocable de Notre-Dame de Confession est connu à partir du XIIème siècle. La statue, d’une hauteur de 98 centimètres, fait partie de la renommée de l'abbaye, et se situe dans la crypte. Quant à son histoire, elle est ancienne. On affirmait autrefois qu'elle avait été rapportée par Lazare, et sculptée par saint Luc dans un bois de fenouil. En réalité, elle serait du XIIIème siècle, et en bois de noyer très sombre. Son autre surnom de Feunou serait issu, non pas de fenouil, mais du feu nouveau. La Vierge, couronnée et voilée, trône en majesté, tenant, de la main gauche, l’enfant Jésus sur ses genoux.

 

Il semble attesté qu'à la Chandeleur, le 2 février, la Vierge était et est habillée de vert, et que les fidèles appelés à la procession reçoivent des cierges bénis de couleur verte. François Marchetti signale cette pratique dans son livre "Explications des usages et coutumes marseillais", paru en 1683.
Pendant la Révolution, cette statue a pu être sauvée mais le trésor, constitué de vêtements et bijoux, est dispersé en 1794. La statue est vendue aux enchères et adjugée à M. Laforêt, officier municipal ; elle est ensuite exposée dans différentes églises.
Le 19 mai 1804, veille de Pentecôte, l'église supérieure est rendue au culte et devient paroissiale. Le lendemain, 20 mai, on rapporte la Vierge Noire de l'église de Saint-Jérôme (aujourd'hui Saint-Charles), à Saint-Victor. Le 2 février 1822, la Vierge Noire est descendue dans sa chapelle souterraine enfin restaurée.

 

Abbaye_Saint_Victor_Marseille_2Actuellement, l'office se célèbre dans les catacombes et la tradition est de toucher la robe verte de la statue avec des cierges verts et de ne les allumer qu'ensuite. On y vend des patisseries dont la fabrication est gardée secrète de père en fils. Elles portent le nom de navettes et affectent très exactement la forme de la barque d'Isis, ou, pour les marseillais, la barque qui, selon la légende, aurait amené aux Saintes-Maries-de-la-Mer Marie Salomé, Marie Jacobé et Marie Madeleine accompagnées de Sarah. Cette fête, typiquement marseillaise, très populaire, a rassemblé au début du XIXème siècle entre 60 000 et 80 000 personnes.












Abbaye_Saint_Victor_Marseille_5La Vierge noire de Marseille ouvre, symboliquement, le Mystère des Cathédrales de Fulcanelli, dont elle fournit la première planche.
"Notre Dame de Confession, célèbre Vierge noire des cryptes saint Victor, à Marseille, nous offre un beau spécimen de statuaire ancienne, souple, large et grasse. Cette figure, pleine de noblesse, tient un sceptre de la main droite et a le front ceint d'une couronne à triple fleuron", commente brièvement Fulcanelli. Les Vierges noires figurent, dit-il, "dans la symbolique hermétique, la terre primitive, celle que l'artiste doit choisir pour sujet de son grand ouvrage. C'est la matière première, à l'état de minerai, telle qu'elle sort des gîtes métallifères, profondément enfouie sous la masse rocheuse. Dans le cérémonial prescrit pour les processions de Vierges noires, on ne brûlait que des cierges de couleur verte."







Abbaye_Saint_Victor_Marseille_70"Une jeune fille de l'antique Massilia, nommée Marthe, simple petite ouvrière, et depuis longtemps orpheline, avait voué à la Vierge noire des Cryptes un culte particulier. Elle lui offrait toutes les fleurs qu'elle allait cueillir sur les coteaux, - thym, sauge, lavande, romarin, - et ne manquait jamais, quelque temps qu'il fît, d'assister à la messe quotidienne.
La veille de la Chandeleur, fête de la Purification, Marthe fut éveillée, au milieu de la nuit, par une voix secrète qui l'invitait à se rendre au cloître pour y entendre l'office matinal. Craignant d'avoir dormi plus qu'à l'ordinaire, elle se vêtit en hâte, sortit, et comme la neige, étendant son manteau sur le sol, réfléchissait une certaine clarté, crut l'aube prochaine.
Elle atteignit vite le seuil du monastère, dont la porte se trouvait ouverte. Là, rencontrant un clerc, elle le pria de bien vouloir dire une messe en son nom; mais, dépourvue d'argent, elle fit glisser de son doigt un modeste anneau d'or - sa seule fortune -, et le plaça, en guise d'offrande, sous un chandelier d'autel.
Aussitôt la messe commencée, quelle ne fut pas la surprise de la jeune fille en voyant la cire blanche des cierges devenir verte, d'un vert céleste, inconnu, vert diaphane et plus éclatant que les plus belles émeraudes ou les plus rares malachites ! Elle n'en pouvait croire ni détacher ses yeux...
Quand l'Ite missa est vint enfin l'arracher à l'extase du prodige, quand elle retrouva au dehors le sens des réalités familières, elle s'aperçut que la nuit n'était point achevée: la première heure du jour sonnait seulement au beffroi de Saint-Victor.

 

Abbaye_Saint_Victor_Marseille_6Ne sachant que penser de l'aventure, elle regagna sa demeure, mais revint de bon matin à l'abbaye; il y avait déjà, dans le saint lieu, un grand concours de peuple. Anxieuse et troublée, elle s'informa; on lui apprit qu'aucune messe n'avait été dite depuis la veille.
Marthe, au risque de passer pour visionnaire, raconta alors par le menu le miracle auquel elle venait d'assister quelques heures plus tôt et les fidèles, en foule, la suivirent jusqu'à la grotte. L'orpheline avait dit vrai; la bague se trouvait encore au même endroit, sous le chandelier, et les cierges brillaient toujours sur l'autel, de leur incomparable éclat vert."










Abbaye_Saint_Victor_Marseille_88Citant l'abbé Laurin, et sa Notice sur l'antique abbaye saint Victor de Marseille (1915, nombreuses rééditions), et Hippolyte Matabon et sa Légende des cierges verts (1889), il précise, s'agissant de la légende:
"Cette légende contient, derrière le voile allégorique, la description du travail que doit effectuer l'alchimiste pour extraire, du minéral grossier, l'esprit vivant et lumineux, le feu secret qu'il renferme, sous forme de cristal translucide, vert, fusible comme de la cire, et que les sages nomment leur vitriol."












Abbaye_Saint_Victor_Marseille_72Dans le numéro 26 de la revue Liber Mirabilis (2002-2003) Myriam Philibert revient elle aussi sur la signification symbolique, hermétique et alchimique de la verdeur des cierges de "Marseille la mystérieuse": "Il faut se rappeler qu'il s'agit de naissance, sur le plan végétal donc de printemps. En matière d'alchimie, deux interprétations sont possibles: les trois couleurs de l'OEuvre, le noir qui devient vert, le blanc et le rouge. Mais on peut aussi envisager les trois principes: soufre (rouge ou jaune), mercure (blanc), sel (vert)."

 








 

Notre-Dame de la Sagesse, la nouvelle Vierge noire

 

Abbaye_Saint_Victor_Marseille_107Cette Vierge en majesté de 1m20, installée à l'entrée de la chapelle du Saint-Sacrement, a été réalisée en bois de châtaigner d'après une Vierge catalane du XIème siècle appartenant à un collectionneur de l'Aude. L'artiste a redonné l'austérité des Vierges romanes, qui n'ont pas l'attitude d'une mère : l'enfant reste dans son giron, ses mains ne le touchent pas. La Vierge est assise sur un trône, mains ouvertes. L'enfant se tient sur son genou gauche, côté du coeur, de la force vitale. De sa main droite, il bénit.

 

Abbaye_Saint_Victor_Marseille_102

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