L'église supérieure de Saint-Victor
L'église comprend deux parties bien distinctes : d'une part la nef et d'autre part le transept et le chœur. L'entrée se situe dans la tour d’Isarn.
Le porche d’entrée
La porte d'entrée est située à l'est dans la tour d'Isarn. Ce porche est très sobre.
La voûte très bombée repose sur deux puissants arcs d'ogive de section rectangulaire, sans clef de voûte, qui retombent sur des piliers à arêtes vives insérés dans les angles.
À l'intérieur du porche, se trouve un sarcophage en marbre de Carrare datant de la fin du IVème ou du début du Vème siècle. Ce sarcophage a été découvert au cours de fouilles effectuées dans le sous-sol de cette pièce. L'ornementation est simplifiée au maximum avec, au centre, une croix latine placée dans un compartiment rectangulaire encadré par deux grands panneaux de strigiles.
La nef
La nef avec ses quatre travées et ses bas-côtés est de style gothique. Ils remontent à l'abbatiat d’Hugues de Glavinis mort en 1250.
Des voûtes d’ogives étaient initialement prévues partout, mais pour la nef l'architecte préféra adopter des berceaux brisés, laissant inutilisées les colonnettes qui devaient recevoir la retombée des ogives.
La nef évoque ainsi l'époque romane. Au XVIIème siècle un éclairage direct de la nef est réalisé en perçant les voûtes de fenêtres.
Au fond de la nef, placé sur une tribune, se trouve l’orgue construit en 1840 par A. Zieger. Sous cet orgue se trouve l'accès à la crypte.
Le transept nord est percé d'un oculus et celui du sud d'un arc plein cintre. Dans chaque bras, des niches grillagées abritent une collection de reliquaires.
Travée gauche
Au fond de la travée gauche, près de l'orgue, se situe l'entrée de la chapelle du Saint-Sacrement. Dans cette chapelle se trouve une table d'autel en marbre blanc (L = 1,78 x l = 1,12) qui date de la seconde moitié du Vème siècle, réinstallé en 1968 sur un socle moderne. La face supérieure est creusée en cuvette et le rebord supérieur est décoré de rinceaux de vigne, sculptés en faible relief. La tranche est ornée de bas-reliefs sur chacune des quatre faces, des colonnettes marquent les angles.
Sur la face antérieure, à partir d'un palmier à chaque extrémité, deux files de 6 colombes se dirigent vers le chrisme central inscrit dans une couronne de laurier et accosté des lettres alpha et omega. Sur la face postérieure, deux files de 6 brebis font procession vers l'agneau, qui est debout sur la montagne d'où s'écoulent les 4 fleuves du paradis. Sur les deux faces latérales, le même motif est répété, mais en plus, d'un cratère médian s'échappent deux rinceaux de vigne dont les grappes sont becquetées par des colombes. Les angles sont percés de trous, peut-être destinés à recevoir les voiles cachant les reliques Une inscription votive grecque, "Cal... pour lui-même et pour toute sa maison", est gravée sur le listel inférieur de la face principale, de part et d'autre du chrisme. Les dimensions de l'autel laissent à penser qu'il aurait pu être celui de la partie centrale de la crypte paléochrétienne.
Travée droite
Dans la travée suivante, juste en face du porche d'entrée, est exposé un très beau sarcophage en travertin de couleur jaunâtre. Le couvercle est en bâtière dont une pente représente une toiture. Sur la face longitudinale sont représentés le sacrifice d'Abraham et la guérison de l'aveugle. Ce sarcophage (L = 1,93 x l = 0,70 x h = 0,58), exhumé en 1970 à l’occasion de travaux de consolidation et de reprise en sous œuvre d’un pilier de la nef, a fait l’objet d’études archéologiques très approfondies.
Les restes de vêtements et le squelette ont été étudiés par une équipe de chercheurs et techniciens du laboratoire de conservation, restauration et recherches archéologiques du CNRS à Draguignan. La personne inhumée est une femme âgée d'une vingtaine d'années, d'une taille de 1,57 m. Son type anthropologique n'a pu être déterminé. Cette jeune adulte présentait des séquelles de poliomyélite antérieure aiguë au niveau de la jambe droite. Les vêtements en soie comportaient notamment une tunique décorée de bandes tissées et d'un galon rehaussé de fils d'or. Sur la tête de la personne était placée une couronne de végétaux, symbole de victoire et de vie éternelle. Cette personne devait occuper un rang social élevé comme le suggèrent la richesse des sculptures du sarcophage, le vêtement de soie, une croix d'or posée sur le front et l'emploi de l'encens, ingrédient onéreux à l'époque.
Les sculptures sur un grand côté de la cuve se répartissent en trois groupes :
À gauche, représentation d'Abraham qui va sacrifier son fils Isaac : il brandit de la main droite un couteau tandis que, de la gauche, il maintient son fils accroupi. La main de Dieu apparaît dans le ciel pour retenir son geste tandis qu'un bélier tire un pan du manteau d'Abraham pour manifester sa présence. Dieu demande ainsi de remplacer les sacrifices humains par des offrandes d’animaux.
Au centre, le Christ barbu est sur une montagne d'où s’écoulent les quatre fleuves. De la main gauche, il donne un rouleau à Pierre et lève la droite au dessus de Paul qui l'acclame. Deux palmiers encadrent la figure du Christ.
À droite, deux personnages encadrent le Christ qui guérit un aveugle en lui touchant les yeux de l'index. Le Christ est imberbe et porte une longue chevelure se répartissant de part et d’autre du visage. La scène de la guérison de l’aveugle évoque la symbolique du Christ lumière du monde.
Le chœur
La partie orientale, côté rue Saint-Victor, qui comprend le transept et le chœur fut reconstruite par le pape Urbain V. L'abside à cinq pans est flanquée de quatre énormes contreforts crénelés. Elle formait une saillie sur l'enceinte du monastère et constituait une véritable forteresse avec des murs allant jusqu'à 3,25 mètres d'épaisseur. Le pied des murs est fortement taluté.
Le tabernacle et le maître autel, consacrés en 1966, sont des œuvres de Jean Bernard et des compagnons du Devoir. Le maître autel est en pierre et en bronze. On trouve sur la frise des paroles de saint Paul : en grec « un seul seigneur Jésus Christ ».