Eglise Notre-Dame de l’Assomption de Rouffach
Les hommes se sont installés depuis bien longtemps à Rouffach puisqu'un habitat néolithique fut retrouvé au lieu dit Gallbühl, ainsi que des sépultures des âges du Bronze et du Fer. Du temps de la Gaulle romaine, le village fut appelée Rubeaquum. Des fouilles place de l'église ont mis à jour des constructions thermales avec un système de chauffage par le sol, des fresques et des sculptures datant du Ier et du IIIème siècle. Après les invasions barbares, la cité médiévale de Rubeaqua fit partie du domaine royal de la couronne d'Austrasie.
Selon la tradition, le domaine fût offert au VIIème siècle au prince-évêque de Strasbourg Arbogast par le roi Dagobert II, reconnaissant de la résurrection miraculeuse de son fils Sigebert. L'évêché fit fortifier la ville d'une double enceinte aux XIème et XIIème siècles.
Parmi les vestiges des défenses de Rouffach, la tour des Sorcières (ou Hexenturm) s'élève à proximité de l'ancien Hôtel de ville. La base de ce bâtiment est cylindrique et remonte au XIIIème siècle.
La partie supérieure, couronnée d'un parapet crénelé et d'un toit à quatre pentes, est carrée, mais ne date que des XIVème et XVème siècles. Elle servait de prison aux femmes accusées de sorcellerie juste avant leur exécution sur le bûcher. Rouffach restera la seule ville fortifiée du Haut-Rhin jusqu'au XIIIème siècle. L’âge d’or connaît un brusque arrêt, avec la guerre de Trente Ans : la ville est ravagée par les Suédois. A l’issue de la guerre et de l’annexion de l’Alsace par la France, le Haut-Mundat est supprimé.
La légende des femmes de Rouffach
"Le jour de Pâques 1106, Henri IV (empereur depuis Pâques 1084) est de passage en Alsace et s’arrête au château d’Isenbourg. Le seigneur local ordonne qu’on enlève une des plus belles filles de la ville pour l’offrir à l’empereur. La mère de la malheureuse demande alors de l’aide aux hommes de la ville pour libérer sa fille, en vain. Les femmes de la ville se soulèvent et prennent l’initiative de forcer les portes du château où est séquestrée la jeune fille. Elles sont finalement suivies par toute la population.
L’empereur réussit à s’échapper et se réfugie à Colmar, abandonnant dans sa fuite son sceptre, son manteau et sa couronne que les rouffachoises déposent sur l’autel de l’église. Pour laver cet affront, l’empereur Henri IV revient punir les habitants en ravageant la ville.
La légende veut que, depuis ce jour et en l'honneur de leur courage, les bancs situés à la droite de l'autel, et traditionnellement réservés aux hommes, soient occupés par les rouffachoises."
La construction de l'église Notre-Dame de l’Assomption, en grès jaune, débuta au XIème siècle : la partie la plus ancienne se situe dans le transept, avec deux absidioles décorées de bandes lombardes reliées par des arceaux dans les murs est. Le portail sud roman, surmonté d’une tête de Christ, date de cette époque.
Au-dessus du portail, quelques bas reliefs roman ornent la façade. Nous y retrouvons le beau symbole de l'arbre de vie.
Les bras du transept plafonnés furent voûtés à la fin du XIIème siècle, avec adjonction de larges contreforts percés de passages en arc brisé.
Au XIIIème siècle, la croisée du transept fut couverte d' une coupole à trompes sur colonnes, et surmontée d'une flèche à huit pans.
Les deux premières travées de la nef datent de la campagne du début du siècle, les vaisseaux étant séparés par des arcades en arc brisé, avec alternance de piles fortes et faibles. Les chapiteaux sont sculptés de feuillages, terminés par des crochets. La dernière travée de la nef avant le massif occidental fut élevée un peu plus tard, une rupture étant nettement marquée au niveau des moulures des voûtes d'ogives.
A la fin du XIIIème siècle on décida de reconstruire le chœur.
Il fut fermé par un jubé vers 1300, qui fut détruit au XVIIIème siècle. Il ne reste que les deux tourelles d'escalier latérales.
Le massif occidental comprenant la façade antérieure fut commencé vers 1300, à la fois inspiré par la cathédrale de Strasbourg pour le portail et le gâble qui le surmonte et par l'église Notre-Dame de Paris pour la rose rayonnante à vingt lancettes, enfoncée dans un encadrement carré.
Les tours nord et sud furent élevées sur un niveau, laissées inachevées : celle du sud fut surélevée jusqu'à la hauteur du gâble au XVème siècle et à nouveau abandonnée. Des noms de maîtres d' œuvre sont connus, pour le XIVème siècle, Johann Behem et Woelflin de Rouffach, sans que l'on puisse leur attribuer une partie précise de la construction. Maître Woelflin exécuta sans doute les statues d'anges de la façade occidentale.
La voûte du bras sud du transept fut reconstruite en 1508, ainsi que le mur sud par le maître Hans de Saint-Gall, gendre de Lienhart de Haslach. L'église resta ainsi jusqu'au XIXème siècle, ses murs étant encombrés de boutiques dans leur partie inférieure. En 1866 une restauration importante fut entreprise : elle comprenait également la surélévation de la tour nord en style néogothique. Le grès rose de Phalsbourg fut utilisé pour ces derniers travaux, mais cette construction fut à nouveau interrompue par la guerre de 1870 et la tour sud resta inachevée. La dernière amélioration apportée au monument date de 1918, date à laquelle une nouvelle sacristie est construite côté sud du chœur.
Sur le côté gauche de la nef, une belle Vierge à l’enfant, sous un ensemble décoratif en pierre.
Quelques chapiteaux nous présentent une belle synthèse de symboles : un homme, entouré des représentations des 4 vivants (tout d'abord le taureau et le lion, puis l'ange et l'aigle), pose un pied sur une vouivre, et l'autre au dessus d'un "démon ailé" qui donne à boire à un autre homme se tenant presque couché sur la vouivre. Il donne l'impression de s'élever, la main droite posée sur son genou droit.
Plus loin, un autre homme, entouré de femmes portant des jarres d'où sortent les fleuves du paradis, pose les pieds sur une créature ailée. Il y aurait beaucoup à dire.
Dans le chœur, l’ancienne porte de la sacristie est entourée de deux très beaux visages sculptés, d’une jeune fille et d’un jeune garçon. Cet ensemble est connu sous le nom du "sourire de Rouffach".
Les fonts baptismaux en grès jaune, possèdent un couvercle et un mécanisme de levage. Ils datent de 1492.
Le maître-autel, néo-gothique, raconte l’histoire de Saint Arbogast, guérisseur du fils de Dagobert II. Le tabernacle date du XVème siècle.
Au niveau du chevet, de profondes marques dans la pierre, sont les vestiges d’une ancienne pratique des vignerons, qui aiguisaient leurs serpettes ici, ce qui devait leur assurer de bonnes vendanges.
les sculptures extérieures nous présentent des musiciens, ainsi que des anges et peut-être un maitre d'œuvre, regardant au loin entre deux colonnes... Jakin et Boaz ?
http://www.alsace-passion.com/rouffach/rouffach_2.htm
http://www.rouffach.com/histoire.html
http://www.patrimoine-de-france.org/oeuvres/richesses-2-745-12224-M140076-34004.html
http://france.vadelis.fr/Champagne_Ardenne_Alsace_Lorraine/Haut_Rhin/Rouffach/Eglise_Notre_Dame_De_L_Assomption/
http://www.massif-des-vosges.com/aff_article.php?ref_article=1466&rubrique=68