Le baptistère de San Giovanni in Laterano
À l'écart de la Basilique, sur la place San Giovanni, se trouve le baptistère, de plan octogonal et surmonté d’un dôme. Il fut construit Vème siècle (environ 440), sous le pontificat de Sixte III, sur un ancien baptistère carré de l'époque constantinienne. La légende rapporte que Constantin y fut baptisé, mais cela reste une légende. En effet, il le fut, mais en Orient, et par un évêque arien, ou comme le pense l'historien Eusèbe, sur son lit de mort à Constantinople. Une tradition raconte que c'est ici que le pape saint Grégoire le Grand (590-604), transcrivit pour la première fois le chant grégorien.
Pendant plusieurs siècles, il fut le seul baptistère de Rome, et sa forme octogonale servit de modèle à bon nombre d'autres baptistères, à Rome, ailleurs en Italie (Florence, Parme), puis dans toute la chrétienté. Il était dédié à saint Jean-Baptiste. L'eau était fournie par l'ancien aqueduc Aqua Claudia.
L'entrée principale se fait face à la basilique, par le biais de la chapelle de St Venantius, mais il existe aussi une entrée latérale, plus petite.
Les façades extérieures, de brique, ont été ornées en 1657 par une frise dessinée par Francesco Borromini, incorporant les armes du pape Alexandre VII, que l'on retrouve sur la fontaine à l'extérieur.
Sur les murs, il y a cinq fresques reproduisant des épisodes de la vie de Constantin dont celle de la bataille du pont Milvius (312), au plafond, remportée sur Maxence où se fit l'apparition de la Sainte Croix, avec la promesse in hoc signo vinces (Par ce signe tu vaincras).
La cuve circulaire où les chrétiens étaient baptisés jadis par immersion est au centre, entourée de huit belles colonnes en porphyre rouge aux chapiteaux ioniques et corinthiens, qui soutiennent un entablement de 8 colonnes de marbre blanc. Un déambulatoire entoure le bassin.
Pendant les six premiers siècles, seul l’évêque, successeur des apôtres, faisait entrer dans l’église le catéchumène au cours de la liturgie pascale
Sur ces colonnes repose une architrave, avec des vers en latin, attribués au pape Saint Sixte II (432-440) et qui résument admirablement bien la doctrine chrétienne sur le Baptême :
GENS SACRANDA POLIS HIC SEMINE NASCITVR ALMO
QVAM FECVNDATIS SPIRITVS EDIT AQVIS
VIRGINEO FETV GENITRIX ECCLESIA NATOS
QVOS SPIRANTE DEO CONCIPIT AMNE PARIT
COELORVM REGNVM SPERATE HOC FONTE RENATI
NON RECIPIT FELIX VITA SEMEL GENITOS
FONS HIC EST VITAE QVI TOTVM DILVIT ORBEM
SVMENS DE CHRISTI VVLNERE PRINCIPIVM
MERGERE PECCATOR SACRO PVRGANTE FLVENTO
QVEM VETEREM ACCIPIET PROFERET VNDA NOVVM
INSONS ESSE VOLENS ISTO MVNDARE LAVACRO
SEV PATRIO PREMERIS CRIMINE SEV PROPRIO
NVLLA RENASCENTVM EST DISTANTIAQVOS FACIT VNVM
VNVS FONS VNVS SPIRITVS VNA FIDES
NEC NVMERVS QVEMQVAM SCELERVM NEC FORMA SVORVM
TERREAT HOC NATVS FLVMINE SANCTVS ERIT
C'est ici que jaillit ce peuple de noble lignée, voué au Ciel
Que l'Esprit engendre en ces eaux fécondées.
C'est dans l'eau que Notre Mère l'Église, dans un accouchement virginal,
met au monde ceux qu'elle a conçus par l'oeuvre de l'Esprit divin.
Vous qui êtes nés à cette source, vivez dans l'espérance du royaume des cieux.
Il faut renaître pour avoir la vie éternelle.
Voici la source de vie qui lave toute la terre,
et prend sa source aux plaies du Christ.
O pécheur, viens te plonger dans ce flot sacré et purificateur
Dont les ondes rajeuniront tout vieil homme qui s'y plonge.
Si, sous le poids du péché hérité ou de ton péché personnel,
tu tiens à l'innocence, lave-toi dans ces eaux.
Plus rien ne sépare ceux qui y sont renés. Ils sont devenus un,
Grâce à une seule source baptismale, à un seul Esprit, à une seule Foi.
Que personne ne craigne le nombre et la gravité de ses péchés :
Celui qui est rené de cette eau vive deviendra saint.
C'est beau, très beau même, surtout si l'on sait lire entre les lignes.