L'alpinisme
L'alpinisme est l'art de parcourir les montagnes en affrontant les plus grands dangers avec la plus grande prudence.
On appelle ici art l'accomplissement d'un savoir dans une action.
On ne peut pas rester toujours sur les sommets. Il faut redescendre...
A quoi bon, alors? Voici : le haut connaît le bas, le bas ne connaît pas le haut. En montant, note bien toutes les difficultés de ton chemin; tant que tu montes, tu peux les voir. A la descente, tu ne les verras plus, mais tu sauras qu'elles sont là, si tu les as bien observées.Il y a un art de se diriger dans les basses régions, par le souvenir de ce qu'on a vu lorsqu'on était plus haut. Quand on ne peut plus voir, on peut du moins encore savoir.
Tiens l'oeil fixé sur le sommet, mais n'oublie pas de regarder à tes pieds. Le dernier pas dépend du premier. Ne te crois pas arrivé parce que tu vois la cime. Veille à tes pieds, assure ton pas prochain, mais que cela ne te distraie pas du but le plus haut. Le premier pas dépend du dernier.Lorsque tu vas à l'aventure, laisse quelque trace de ton passage, qui te guidera au retour : une pierre posée sur une autre, des herbes couchées d'un coup de bâton. Mais si tu arrives à un endroit infranchissable ou dangereux, pense que la trace que tu as laissée pourrait égarer ceux qui viendraient à la suivre. Retourne donc sur tes pas et efface la trace de ton passage. Cela s'adresse à quiconque veut laisser dans ce monde des traces de son passage. Et même sans le vouloir, on laisse toujours des traces. Réponds de tes traces devant tes semblables.
RENE DAUMAL
Le chant des étoiles
En cette nuit là, le temps n'existait plus.
Pas de vent, pas de bruit. Seule la clarté de l'aurore grandissante rendait les rochers d'alentour plus sombres.
Dans
une vallée circulaire, baignée de lumière orange, un cratère béant dont
l'intensité du noir intérieur permettait de supposer la profondeur
inquietante.
Tout pres de ce cratère, sur un monticule, une
grande pierre sombre, droite comme un menhir. Sa silhouette se
détachait parfaitement sur la clarté de l'herbe environnante et son
ombre s'y déplaçait lentement, plongeant ce qu'elle recouvrait dans un
mysterieux violet.Plus loin, à terre, près du cratère, une
autre grande pierre, plate cette fois, luisait comme une large lame ou
comme un miroir géant regardant le ciel.
La grande pierre levée,
aux rudes contours d'un beau bleu sombre, ressemblait aux vestiges
lointains que des civilisations inconnues pointaient vers le ciel.
Plus
la clarté montait, plus les contours s'adoucissaient. Elle ressemblait
maintenant à une forme humaine qui aurait pris une grande robe de
pierre pour franchir sans crainte les siècles attendus. Puis elle prit
des formes plus précises, bougea lentement; se retourna, comme un golem
petrifié dont le poids et le long réveil auraient ralenti la giration.La métamorphose s'accomplit progressivement. Ses derniers aspects rudes se fondirent et s'évaporèrent dans un halo lumineux.
C'est
une femme qui se trouvait maintenant empreinte encore de la raideur de
son sarcophage de grès, reprenant peu à peu vie. Une grande robe
bleu-noir, couleur du firmament sous les étoiles, la couvrait toute
entière, un châle dissimulait sa tête et ses épaules et quelques mèches
blondes s'évadaient vers la lumière.
De visage, il n'y avait
point. Seules deux lueurs verdâtres phosphorescentes remplaçaient les
yeux et animaient ce visage de vide.
Ses bras bougèrent quelque
peu et ses deux mains, longues, fines, blanchâtres, glissèrent sur les
plis raides de sa robe. Un murmure grandissant sortit alors de sa
personne, prenant des sons plus précis pour former des mots que la
brise matinale emportait."Je suis demeurée fixée au regard des
étoiles, disait-elle, j'étais placée près de la bouche de la terre pour
entendre son chant et écouter la musique sans fin des astres qui nous
entourent.
Le mouvement a son rythme, sa lumière, sa mélodie et
le vide sa symphonie. Je me suis maintenue là depuis des siècles en un
corps dur et froid pour un enchantement de mon esprit. Ma compagne,
allongée dans l'herbe, est faite pour entendre et moi pour voir et nous
pouvons nous compléter.
Maintenant, les temps sont venus. Je
peux parler et je veux bien révéler ce que je sais. Mais que personne
ne cherche à voir mon visage, ou à le reconnaitre. Je suis celle qui
demeure incréée, celle qui fut poursuivie pendant des millénaires et
que mon manteau de fille de la montagne dissimulait.
Une partie
de mon peuple dort encore, inerte dans ces hauteurs. L'autre partie est
disséminée sur la face de la terre, en autant d'êtres sensibles.
Certains sont devenus des choses utiles; d'autres des choses
glorieuses, d'autres enfin des choses sacrées.C'est à dire que
chacune de nos parcelles n'a eu que le langage que l'homme a bien voulu
lui donner. Mais c'est aussi par la faute de l'homme et par son
ignorance que d'autres sont perdues ou gâchées.
Rappelez-vous de moi.
Alors
vous apprendrez à vivre les pierres, celles qui sont levées dans les
matins du Nord, celles que l'on a empilées sous les cieux plus
limpides, celles qui sont sculptées pour des aurores plus douces.
Il vous faudra chercher leur nombre et le mien et celui de ma compagne qui dort encore."
Pendant
qu'elle murmurait ainsi, le bord du cratère était devenu un grand
cercle blanc et, lentement vers l'est, le soleil entamait sa course
quotidienne.
Le murmure reprit."Dans vos civilisations
successives, il y a toujours eu des hommes qui connaissaient les
mystères de la marche du monde. Ils avaient des doigts pour les
déterminer, pour figurer les symboles. Ils ont eu des pierres pour les
y graver. Du nombre est venu le signe, puis du signe le symbole et,
plus tard, le chiffre.
Par la voix de l'homme, le nombre prit un
son, puis une gamme et enfin un chant. Dans ce chant, il y avait un
rythme et tout cela provoquait une résonance, résonance du coeur de
l'homme sur le coeur de la nature, à travers le coeur des pierres et
ceci afin d'être compris par le coeur des dieux.
Et les dieux
envoyèrent sur terre des fées pour guider les hommes vers un
merveilleux perpétuel. Ces fées étaient des femmes, mais ces femmes
furent des rêves.
Il plait à l'homme de revivre ces rêves, il lui plait de rejoindre ces fées, parce que ces fées dorment dans la pierre.Et ces pierres furent les premiers médiums de l'homme vers la création et son harmonie."
C'est
dans un faible souffle que les derniers mots s'évanouirent. Une lueur
subite se fit dans la vallée verte, jaillissant au-dessus des cimes.
Les
yeux de la femme disparurent et une brume légère sortant de de sa face
vide, comme la rosée matinale, s'évapora doucement en la tiédeur des
premiers rayons du soleil.
On eut pu distinguer un sourire d'une
douceur ineffable et d'une indicible joie comme un envol vers un appel
mystérieux. Des volutes de ces vapeurs matutinales, rosée des
philosophes, pierres des sages, furent absorbées intimement en leur
montée allègre.
Il ne resta plus bientôt, au bord du cratère
toujours sombre, qu'une grande pierre figée dans le sol indiquant les
mystères d'un temps.
D'autres pierres seront d'autres femmes. Il
se peut que l'une d'entre elles, Venus hyperboréenne ou fille de
kheops, prêtresse du soleil ou odalisque orientale revenue aux bords de
la mer bleue vivre tout à son souvenir de cristal une réminiscence du
passé et une vibration de l'avenir, comme l'émeraude au milieu des
roses rouges.
Le nombre lui sera peut-être froid, mais elle
saura aussi que son ombre est celle du mystère qui voile les choses et
les rends plus vraies.
La connaissance apporte une joie et c'est cette joie que nous essayons de partager.
Maurice Guingand
Les lieux sacrés, définition
"Un lieu sacré, avant d'être utilisé par l'homme, fonctionne à l'état naturel comme point d'échange entre des forces du ciel et de la terre. Les rituels humains ne font que renforcer le processus et le mettre à la disposition des vivants. Le lieu peut se passer de l'homme et de l'appareil, le temple ne peut se passer du lieu, ni des hommes pour son entretien. Les hommes peuvent utiliser le lieu en se passant de l'appareil. Ils peuvent se passer de l'un et de l'autre à partir d'un certain stade d'évolution. La conjonction des trois permet parfois des miracles, lesquels n'existent pas, étant les reflets de lois naturelles intelligemment mises en oeuvre."
Depuis la plus haute antiquité, dieux et héros
sont honorés dans des lieux qui leur sont réservés ; ces lieux
s'appellent hiéron, chargé de puissance sacrée. Si tout endroit peut
devenir hiéron, certains ont une vocation particulière à l'être :
source, grotte, promontoire, sommet, lieu foudroyé, boisé, où les Grecs
sentaient naturellement la présence du divin. D'autres pouvaient le
devenir à la suite d'un oracle, d'un signe des dieux. (Sophocle, Oedipe
à Colone, Xénophon, Anabase)
Mais la tendance dès la fin de
l'époque géométrique, à la fin du VIII ème siècle, fut de délimiter
nettement espace sacré et espace profane. C'est ainsi que la fondation
d'une ville commence d'abord par une répartition entre terres réservées
aux dieux et terres allouées aux hommes. (Platon, Lois) Le terrain
délimité et consacré aux dieux porte le nom de téménos, ce qui signifie
précisément " coupé ", sous-entendu de la terre qui n'est pas sacrée.Chez
Homère un téménos est attribué à un héros, à un souverain pour
l'honorer et lui assurer des revenus. (Homère, Iliade) Le téménos
réservé à un dieu s'il peut être laissé en friche, est souvent, lui
aussi, exploité pour son compte. De là l'attention faite à sa
délimitation matérielle : il peut être simplement borné de pierres
dégrossies, reliées parfois par une corde, sur lesquelles est inscrit
le nom du dieu ou du héros propriétaire, ou encore clos d'une enceinte,
soit barrière de bois soit véritable mur, qu'on appelle péribole. Ces
bornes et ces clôtures sont l'objet d'un entretien et d'une
surveillance régulière ; tout empiétement sur le domaine des dieux est
un acte sacrilège, sanctionné comme tel . Quand il sert au culte, cet
espace sacré constitue un sanctuaire.
Les uns, sanctuaires
urbains, sont localisés à l'intérieur de la ville, sur l'acropole, sur
l'agora (l'agora d'Athènes est un téménos, entouré de bornes inscrites
et lieu de multiples cultes).
D'autres, sanctuaires suburbains, sont
situés à la limite ou à faible distance de la ville comme celui d'
Athéna Pronaia à Delphes.
D'autres enfin sont des sanctuaires
extra-urbains, établis dans le territoire de la cité, la chôra, à
l'écart des villes, parmi lesquels figurent les plus célèbres
sanctuaires panhelléniques, celui d'Olympie, de l'Isthme (au N.E. de
Corinthe), de Némée (dans le Péloponnèse, en Argolide). Ils constituent
souvent la frontière entre deux territoires ou un point de jonction
entre le monde cultivé et le monde sauvage. Dans tous les cas, ces
sanctuaires sont un lieu de rassemblement et un moyen de souder la
communauté.
Propriété des dieux, espace sacré, le sanctuaire est
l'objet d'une réglementation minutieuse visant à le protéger de toute
souillure (miasma) et d'acte sacrilège. La première règle valable
partout, est l'obligation de purification ; toute personne en contact
avec le sacré se doit en effet d'être dans un état de pureté rituelle,
l'hagnéia. (Homère, Iliade)
Le fidèle doit pour accéder au
sanctuaire se purifier avec l'eau lustrale mise à sa disposition dans
des vasques de pierre ou de marbre à l'entrée, les périrrhanthéria. Il
s'y trempe les mains ou s'en asperge avec une branche de laurier pour
se débarrasser de ses impuretés.
Tout contact avec la mort ou la
naissance rend impur et écarte des lieux sacrés pendant une période
variable selon les sanctuaires ; ces "impuretés innocentes"nécessitent
de plus des purifications par l'eau faites à la maison. Au meurtrier
qui a versé le sang et qui se trouve de ce fait exclu de la communauté
et des sanctuaires, (Sophocle, Oedipe Roi) des rites spécifiques de
purification, les rites cathartiques, effectués notamment par le sang,
permettent d'éliminer sa souillure et de retrouver un état normal, en
règle avec le divin, état qualifié de hosion. (Eschyle, Les Euménides)
D'autres
règlements particuliers cette fois à tel ou tel sanctuaire, pouvaient
mentionner d'autres espèces d'interdits relatifs aux vêtements, au port
d'armes, de bijoux, à l'introduction de certains animaux. (LSG)Le
caractère sacré du sanctuaire se communique à tout ce qui s'y trouve (
eau, arbres, bosquets, objets consacrés) et à quiconque y pénètre : il
est asylon, lieu d'asile, ce qui signifie que nul n'a le droit de prise
(sylè) à l'intérieur de son enceinte. Aussi offre-t-il un refuge sûr à
ceux qui viennent s'y installer en suppliants dans la posture rituelle,
qui consiste à s'asseoir près de l'autel du dieu ou à côté de sa statue
avec le rameau d'olivier orné de bandelettes. (Eschyle, Les
Suppliantes)
Le non respect de l'asylie est considéré comme
sacrilège entraînant souillure et malédiction divine, et puni
sévèrement par les lois humaines. (Plutarque, Solon)
Si modeste
soit-il, un téménos destiné au culte, renferme au moins un autel qui
est le seul monument cultuel vraiment indispensable. L'autel,
généralement situé en plein air, est de deux sortes selon la nature des
sacrifices qu'on effectue : pour les sacrifices de type sanglant,
destinés aux dieux, avec partage et consommation des victimes, l'autel,
bômos, comprend un foyer surélevé sur un socle où l'on brûle les parts
des dieux et où l'on rôtit les parts des hommes.
Il est de taille
variable selon l'importance du sanctuaire et le plus souvent en pierre
ou en marbre ; on connaît grâce à Pausanias, un autel de Zeus à Olympie
formé uniquement de l'accumulation des cendres de sacrifice, ou encore
un autel d'Apollon à Délos composé entièrement de cornes de chèvres.
Pour les sacrifices dits chthoniens destinés aux divinités infernales
et aux héros, l'autel bas, désigné du nom du foyer, eschara, est déposé
à même le sol ; les victimes y sont entièrement brûlés (holocauste) et
le sang est versé dans un trou qu'on appelle bothros.
En plus de
l'autel un téménos quelque peu important, possède une statue de culte
et reçoit des offrandes qu'il faut abriter sous des édifices typiques
du sanctuaire grec classique : le temple, les trésors, les portiques.
Le
temple, naos, de la racine du verbe naiein "habiter", est la demeure du
dieu, non celle des fidèles. Il a une fonction utilitaire, dans la
plupart des cas, celle de renfermer la grande statue du dieu et les
offrandes qui lui sont faites. (Pausanias, Périégèse) On peut aussi y
conserver le trésor de la cité ; les richesses d'Athènes sont
conservées dans le Parthénon , les archives de l'Etat dans le temple de
la Mère des dieux, le Mètrôon.Certains temples toutefois ont
une fonction cultuelle, avec des autels à l'intérieur où se déroulent
les rituels, ainsi le temple d'Apollon à Delphes ou les temples
d'initiation aux mystères, comme celui d'Eleusis.
Temples-trésors ou
temples-sanctuaires, ils sont de plan rectangulaire - les temples
ronds, tholos, sont plus rares- et comportent trois pièces, le naos,
pièce centrale où se dresse la statue, un vestibule, le pronaos et
symétrique à lui, séparée du naos par un mur, une pièce arrière,
l'opisthodome.
Ces temples sont peints de couleur vive et comportent
des parties sculptées (les frontons, les métopes, la frise), illustrant
les grands moments de l'histoire des dieux et des hommes. Les trésors,
eux, sont plus petits que le temple ; ils sont construits et consacrés
par les cités pour conserver les offrandes de leurs concitoyens. Des
portiques enfin où les fidèles peuvent se reposer et converser, servent
également à abriter les offrandes ; ils sont ornés souvent de peintures
représentant d'illustres scènes de combat mythologique ou historique .Dans
la maison, les dieux ont aussi leurs emplacements réservés. A la porte,
est placé un pilier surmonté du buste d' Apollon Agyieus " de la rue"
ou d'hermès Propylaios " qui est devant la porte "; chargé de détourner
le mal de la maison, il est oint d'huile et couronné de fleurs les
jours de fête.
Dans la cour, se trouve l'autel de Zeus Herkéios, "de
la clôture", où le maître de maison fait sacrifices et libations. C'est
à l'intérieur cependant que se déroulent les actes rituels essentiels,
autour de l'autel d'Hestia, le foyer, qui est le vrai centre religieux
de la maison. Il en est de même de la cité : le Foyer commun, la Hestia
Koinè, dont la flamme est alimentée aux autels les plus purs, autel
d'Apollon à Delphes ou à Délos, en est le centre religieux et politique.
http://www.ac-versailles.fr/pedagogi/anti/religrec/lieuxcul.htm
L'autel de la Baronnie
Cervières,
village médiéval posé sur un mamelon rocheux, apparut pour la première
fois dans la chartre de 1173 comme repère géographique du partage du
comté de Lyon. Il fut un point stratégique important pour le contrôle
du Grand chemin de Forez en direction de l'Auvergne (dont il reste des
vestiges de la voie romaine reliant Lugdunum à l'Aquitaine) et la
surveillance des féodaux montagnards de Couzan et d'Urfé.
Concernant
le nom de Cervières, il semblerait qu’il vienne de « cerfs » mais une
autre hypothèse le fait dériver de « kerc’hier » c’est à dire «
faiseurs de cercles ». Les constructeurs des sites mégalithiques du
coin ?
Les pierres de la Baronnie, appelées "autel" ou "pierre branlante" sont entre Noirétable et Cervières.
J'ai
daté la première utilisation de ces roches en -9 800 avant notre ère.
Donc bien avant leur réemploi par les druides que nous connaissons.
Elles
sont recouvertes d'une multitude de cupules et de petites cuvettes. A.
Compigne des Bordes dit à son sujet: "Des cupules, remplies d’eau
puisée à la source sacrée, dans l’enceinte de la forêt permettaient la
macération de la verveine et du gui…".
L'endroit est magnifique, l'un des plus beau sites sacrés qu'il m'ait été donné de voir.
La mousse envahissante nous fait rater les cupules mais donne au lieu une magie supplémentaire.
Méfiez-vous,
le chemin indiqué par le panneau n'indique pas la porte du sanctuaire,
et mieux vaut dire bonjour au gardien si l'on veut pouvoir profiter des
enchantements...
Les pierres ont chacune une fonction : nous trouvons entre autres une pierre d'accouchement. C'est un véritable hôpital !
Même la plante des alchimistes trouve l'endroit accueillant, c'est dire. Oui, il y a véritablement transmutation en ce lieu.
http://www.forez-info.com/encyclopedie/memoire-et-patrimoine/194-la-legende-des-siecles-foreziens.html
La pierre Ginich
Près
du lieu-dit Les Cros d'Arconsat, aux pieds du Montoncel ( la plus haute
montagne du Bourbonnais, culminant à 1299 m de hauteur dont le sommet
forme un plateau circulaire d'une régularité presque géométrique de 80
m de rayon, avec au centre une pierre appelée "pierre des seigneurs",
délimitant les trois départements de l'Allier, de la Loire et du
Puy-de-Dôme), se trouve la pierre Ginich.
Son nom provient du patois auvergnat et veut dire "Pierre aux milieu des Genets".
Elle
fut redécouverte dans la fin des années 70 par le peintre vichyssois
Pierre Frobert, suite à un rêve qu'il fit. Atteint d'une leucémie en
phase terminale, il eut une rémission complète après avoir passé une
nuit dans le bassin situé sur la pierre principale.
Il parla à l'époque du tombeau d'un géant dans l'axe de la pierre, mais personne ne le trouva jamais. La légende commença à se répandre.
Avant
d'arriver, il faut suivre non pas le chemin balisé, mais une ligne
directe qui passe par la croisée des chemins. C'est là que se trouve le
gardien.
C'est sur le chemin balisé que l'on trouve des tas de pierres, posées là comme sur le site de la roche de Merlin :
"On sait que les voyageurs de l'antiquité faisaient ce geste en
l'honneur de Mercure, le dieu de la route, et pour marquer le chemin
par ces tas accumulés; c'est la bible qui nous le dit, en parlant de
celui qui jette une pierre sur "le tas de Mercure" : Sicut qui mittit
lapidem in acervum Mercurii (livre des proverbes)."
J.P.Roux voit un
exemple de l'âme collective: "Toute accumulation d'objets modestes
doués d'âme renforce la potentialité de chacun d'eux et finit par créer
une nouvelle âme extrêmement puissante. On constitue cette force en
amassant des pierres en certains lieux choisis et, là encore l'âme
collective et sacrée est inséparable de l'âme sacrée du sol sur lequel
on l'a dressé..."
Ce que l'on nomme la pierre Ginich est en fait une masse de blocs de granite gris empilés sur 4 niveaux, orientée nord/sud.
Certains de ces blocs sont en équilibre, comme les pierres branlantes de la région.
D'autres
sont calés par des pierres plus petites. Sauf que... ces pierres de
calage sont d'un granite différent, plus rose, dont le gisement le plus
proche ne se trouve qu'à 20km du site.
Le site a besoin d'un coup de pouce pour s'ouvrir.
Une
pierre en contrebas sert d'interrupteur. Mais celui qui arrive avec un
cœur pur ne sera pas déçu. C'est un endroit de guérison, comme l'autel de la Baronnie.
Les cupules et bassins, même avec les feuilles en décomposition, présentent une eau non putréfiée.
Il
y a une progression, un chemin des cupules, qui nous amène à une montée
en conscience. Ces cupules sont surtout situées sur les blocs au sommet
de la pierre Ginich, et sont souvent séparées par des failles.
Les
pierres ont des fonctions différentes, ce qui explique peut-être leurs
formes animales, comme pour aller chercher la puissance et les qualités
de chaque bête. Nous trouvons la tortue, le loup, le poisson, le
serpent, la grenouille.
D'après
Pierre Frobert, d'autres formes apparaissent, ainsi que des signes,
comme des croix ou des figures humaines. Mais la mousse et le
défilement des ans les ont rendus difficile à discerner.
Pour
lui, Ginich représente un zodiaque : sont représentés l'étoile polaire
et les constellations de l'époque de sa mise en service.
Je vous présente les deux endroits qui m'ont le plus marquée...
Fontenay, historique
En 1118 le vallon de Fontenay est intégré dans les terres d'Eudes II, duc de Bourgogne. Au village de Touillon, distant de quelques lieues, les évêques d'Autun se sont construit un château, leur villégiature d'été. Dans un contexte plus local, les terres appartiennent à Raynard de Montbard, oncle maternel de saint Bernard. Ainsi, quand celui-ci décide de construire une abbaye dans la région, Montbard lui fait don de quelques terres, situées sur le plateau selon quelques-uns ou au nord de la combe selon d'autres. Un premier établissement est édifié en 1118.
Le succès grandissant oblige le premier abbé, Geoffroy de Roche-Vanneau, autre oncle de Bernard, à solliciter un nouvel emplacement. L’abbaye trouve son emplacement définitif en 1130, plus bas dans la vallée boisée, dit vallon des Egrevies, à l'intersection de la Combe Noire où coule un ruisseau, et d'une autre vallée parcourue d'un ru capricieux.
Chacun se mit au travail pour éliminer l'eau stagnante et dompter les cours d'eau, construire des digues pour assainir les lieux. La première digue fut construite au nord, et forme un petit étang qui est encore ne nos jours régulé par une buse alimentant le canal qui se pert sous l'abbaye. La seconde part du flanc de la vallée. Les eaux sont déviées vers le sud.
Une première chapelle, Saint-paul, un cloître et un dortoir furent construits vers 1132, avec des pierres provenant de Massangis, à trente kilomètres du val. L'abbaye reçut le nom de Fontenay, par allusion aux nombreuses sources du site.
L’abbaye se développa pendant les années suivantes et c’est en 1139 que fut commencée la construction de l’abbatiale actuelle. En 1146, Ebrard, évêque exilé de Norwich, arriva à Fontenay. Il lègua ses biens à l'abbaye pour financer le chantier de l’abbatiale (Il est enterré dans son choeur). Celle-ci fut consacrée en 1147 par le pape Eugène III. Le monastère fut complété à la fin du XIIème siècle. En 1259, le roi de France Louis IX exempta l'abbaye de tout droit fiscal, et en 1269, Fontenay devint abbaye royale : les rois Jean II, puis Charles VIII, et Louis XII continueront ces largesses.
Les XIIème, XIIIème, et début du XIVème siecles seront d'une grande prospérité pour l'abbaye qui développa ses activités métallurgiques et sidérurgiques : au plus haut de sa renommée, trois cents personnes logeaient dans ses bâtiments.
Les siècles qui suivirent furent difficiles pour l’abbaye, qui fut pillée à plusieurs reprises : au milieu du XIVème siècle, en 1359, par les Anglais, ensuite en 1419 par les routiers et autres brigands, puis saccagée vers 1557 pendant les Guerres de Religion. Bien que des restaurations aient été effectuées en 1450 après l'incendie du dortoir (pose d'une nouvelle charpente), le déclin de l’abbaye commenca au XVIème avec l'établissement du régime de la Commende en 1547. En 1745, faute de pouvoir l'entretenir financièrement, le porche de l'abbatiale, les cuisines et le réfectoire des moines furent démolis, et en 1746, le sol de l'église fut élevé de près d'un mètre pour limiter les inondations.
Après la Révolution française l’abbaye fut sécularisée, puis vendue comme bien national avec toutes ses terres en 1791 et transformée en papeterie par Claude Hugot. Les frères Montgolfier, dont Elie, papetier d'Annonay, achetèrent l’abbaye vers 1820 et commencèrent la construction de plusieurs bâtiments industriels. En 1830, les premiers essais de pisciculture moderne eurent lieu à Fontenay. En 1864, une partie des archives de l'abbaye fut retrouvée à Paris chez un bouquiniste des bords de Seine.
Après le classement Monument Historique de 1862, l’abbaye dut attendre jusqu’à 1906 pour être restaurée. C’est Edouard Aynard, époux de Rose de Montgolfier, banquier lyonnais et amateur d'art (gendre de Raymond de Montgolfier), qui acheta l’abbaye et lui redonna son aspect médiéval en détruisant les bâtiments modernes de la papeterie. Les travaux durèrent jusqu’à 1911 : les usines furent démolies, le sol de l'église dégagé sur 80 cm et l'aile gauche du cloître remontée pierre par pierre. Plusieurs bassins seront mis en place.
Edouard est le grand-père d'Andrée Putman, une femme que j'admire particulièrement. Elle passa une partie de son enfance dans les murs de l'abbaye. Cette première rencontre avec l'architecture va marquer durablement sa sensibilité artistique, forgeant son goût pour les espaces sobres, simples, voire austères.
http://www.andreeputman.com/francais/index.html
Quelques phrases d'Andrée, que je trouve magnifiques : « Ne pas oser, c’est déjà perdre. Réjouissons-nous de tout projet ambitieux, voire utopique, car les choses ne bougent que si l’on rêve.»,
« Les maisons les plus belles sont celles qui ne trichent pas », « Un intérieur est le portrait de celui qui l’habite.», « J'ai une espèce de grande obsession de la vérité. Réaliser quelque chose de vrai, quelque chose de vécu qui n'ait rien à voir avec une astuce ou de la frime.», « Le luxe, ce n'est pas ce qui est cher, mais ce qui est rare. L'espace est un luxe.», « J’ai été élevée dans une abbaye romane du XIIème siècle, là où ma famille fabriquait depuis plus de cent ans le plus beau papier du monde, le papier chiffon. Ce lieu m'a marquée pour toujours. Obsédée, imprégnée de cette architecture hautement spiritualiste, j'ai recueilli, consciemment, la moisson d'émotions, d'obsessions, nées de la géométrie. ». C'est en 1978 qu'elle créé le bureau de style ÉCART. Si vous le lisez à l'envers, cela donne...
L'abbaye demeure de nos jours la propriété de la famille Aynard. Après les restaurations des années 1960 et 1990, on peut admirer l’abbaye entièrement restaurée et en 1981, l’ensemble fut classé patrimoine mondial par l’UNESCO.
Mon arrivée fut saluée par le héron, mon départ par Goupil.
Plan
1- église
2- sacristie
3- salle capitulaire
4- passage
5- grande salle
6- prison
7 - petit chauffoir
8- grand chauffoir
9- cloître
10- lavabo
11- réfectoire
12- cuisine
13- forge
14- hôtellerie
15- concergerie
16- chapelle des hôtes
17- boulangerie
18- four
19- colombier
20- communs
21- cellier
22- infirmerie
23- jardin des simples
24- moulin
25- vivier
http://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_de_Fontenay
http://architecture.relig.free.fr/fontenay.htm
http://edu.saline.free.fr/01-cites/1-thema/02-fontenay.html
http://www.ho-net.nl/BourgogneRomane/edifices/fontenay.htm
http://www.abbayedefontenay.com/abbayedefontenay.htm
L'église abbatiale
Elle a été construite de 1127 à 1150 selon un plan cruciforme et des proportions, qui lui valent d'être considérée comme une église-type de l'architecture cistercienne.
Elle mesure 66 mètres de long, le transept mesurant 19 mètres. La nef, de 8 m de large, est flanquée de deux bas-côtés.
Les arcades sont en voûte brisée reposant sur des colonnes aux chapiteaux à décor lancéolé, avec un faible relief, respectant ainsi la règle cistercienne.
Le chœur, de forme carrée, est plus bas que la nef. Le pavage est fait de céramiques, qui recouvraient auparavant l'ensemble du sol de l'édifice.
Malgré les interdits répétés du chapitre général, les bienfaiteurs obtiennent d'être enterrés dans ce choeur : il s'agit du chevalier Mello d'Epoisses et son épouse.
Au Moyen Âge, et jusqu’en 1745, la façade était précédée d'un porche dont on voit encore les corbeaux. Le portail cintré est surmonté d'une rangée de quatre petites baies cintrées, elles-mêmes dominées par un ensemble de trois baies. La fenêtre centrale, plus grande, est garnie de colonnettes.
Donc sept fenêtres (nombre symbolique) diffusent la lumière au couchant.
Le chevet plat, peu élevé, est amplement dominé par le pignon de la croisée. Celui-ci, comme le chevet lui-même est largement ajouré par des baies cintrées.
À l'intérieur, on peut admirer une Vierge à l'enfant datant du XIIème siècle. Cette statue fut longtemps exposée aux intempéries dans le cimetière de Touillon (commune voisine de l'abbaye).
La Vierge porte l'enfant Jésus sur son bras gauche, il entoure le cou de sa mère de son bras droit et tient sur sa poitrine une colombe aux ailes déployées avec sa main gauche. Protectrice de l'abbaye, la main droite aujourd’hui mutilée tenait autrefois un sceptre. On remarque quelques traces de polychromie dans les plis de son manteau.(bleu)
Nul autre mobilier n'est visible, les stalles originales ayant été abîmées par l'humidité, obligeant à un relèvement du sol de près d'un mètre à la fin du XVIIIème siècle.
Une Dame, nous devons retrouver son parèdre, saint Michel. Et oui, il est bien là, au nord de l'abbaye, sur son socle, en hauteur... Il foule aux pieds le dragon.
Le cloître
Il mesure trente-six mètres sur trente-huit. Les quatre galeries, tout en conservant une grande unité, présentent certaines différences de construction.
Elles sont composées chacune de huit travées formant archivolte et double arcade reposant sur des piliers avec double colonnette à chapiteaux lancéolés.
Aucun ornement ne vient affecter la simplicité des remplages, excepté quelques oculi.
La plupart des activités liées à l'utilisation de l'eau se déroulent dans la galerie sud, près du lavabo, que cette galerie avait la particularité d'accueillir, dans une excroissance côté cour. Aussi les historiens y situent, tout naturellement à proximité de la source, le lavement du mandatum.
Chaque galerie avait sa fonction : la galerie septentrionale sert à la collation, la méridionale à la vie domestique, l'orientale dessert les pièces destinées à la gestion de l'abbaye.
La salle capitulaire
Datant du XIIème siècle, elle s'ouvre sur la galerie est du cloître par une grande arcade cintrée, flanquée de chaque coté d'une double baie.
À l'origine la salle capitulaire était parfaitement carrée, elle était formée de trois de 3 rangs de 3 travées en voûte d'ogive reposant sur des colonnettes. La troisième travée fut détruite par un incendie vers 1450.
A côté, un passage également voûté d'ogives fait communiquer le cloître et les jardins qui se trouvent derrière l'église.
La salle des moines
Dans le prolongement de la salle capitulaire et du parloir, se trouve une grande salle romane, la salle des moines. C'est sans doute ici que les moines copistes recopiaient et enluminaient les manuscrits. Elle mesure trente mètres de long, elle est recouverte de douze voûtes d'ogives dont les doubleaux en plein cintre reposent sur cinq colonnes monolithes et sur les culots des murs latéraux, et forme six travées.