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17 juillet 2008

Le chant des étoiles



callanish_2En cette nuit là, le temps n'existait plus.

Pas de vent, pas de bruit. Seule la clarté de l'aurore grandissante rendait les rochers d'alentour plus sombres.

Dans une vallée circulaire, baignée de lumière orange, un cratère béant dont l'intensité du noir intérieur permettait de supposer la profondeur inquietante.

Tout pres de ce cratère, sur un monticule, une grande pierre sombre, droite comme un menhir. Sa silhouette se détachait parfaitement sur la clarté de l'herbe environnante et son ombre s'y déplaçait lentement, plongeant ce qu'elle recouvrait dans un mysterieux violet.

stonehenge_ms_1024Plus loin, à terre, près du cratère, une autre grande pierre, plate cette fois, luisait comme une large lame ou comme un miroir géant regardant le ciel.

La grande pierre levée, aux rudes contours d'un beau bleu sombre, ressemblait aux vestiges lointains que des civilisations inconnues pointaient vers le ciel.

Plus la clarté montait, plus les contours s'adoucissaient. Elle ressemblait maintenant à une forme humaine qui aurait pris une grande robe de pierre pour franchir sans crainte les siècles attendus. Puis elle prit des formes plus précises, bougea lentement; se retourna, comme un golem petrifié dont le poids et le long réveil auraient ralenti la giration.

merrivale_3La métamorphose s'accomplit progressivement. Ses derniers aspects rudes se fondirent et s'évaporèrent dans un halo lumineux.

C'est une femme qui se trouvait maintenant empreinte encore de la raideur de son sarcophage de grès, reprenant peu à peu vie. Une grande robe bleu-noir, couleur du firmament sous les étoiles, la couvrait toute entière, un châle dissimulait sa tête et ses épaules et quelques mèches blondes s'évadaient vers la lumière.

De visage, il n'y avait point. Seules deux lueurs verdâtres phosphorescentes remplaçaient les yeux et animaient ce visage de vide.

Ses bras bougèrent quelque peu et ses deux mains, longues, fines, blanchâtres, glissèrent sur les plis raides de sa robe. Un murmure grandissant sortit alors de sa personne, prenant des sons plus précis pour former des mots que la brise matinale emportait.

Orcades_295"Je suis demeurée fixée au regard des étoiles, disait-elle, j'étais placée près de la bouche de la terre pour entendre son chant et écouter la musique sans fin des astres qui nous entourent.

Le mouvement a son rythme, sa lumière, sa mélodie et le vide sa symphonie. Je me suis maintenue là depuis des siècles en un corps dur et froid pour un enchantement de mon esprit. Ma compagne, allongée dans l'herbe, est faite pour entendre et moi pour voir et nous pouvons nous compléter.

Maintenant, les temps sont venus. Je peux parler et je veux bien révéler ce que je sais. Mais que personne ne cherche à voir mon visage, ou à le reconnaitre. Je suis celle qui demeure incréée, celle qui fut poursuivie pendant des millénaires et que mon manteau de fille de la montagne dissimulait.

Une partie de mon peuple dort encore, inerte dans ces hauteurs. L'autre partie est disséminée sur la face de la terre, en autant d'êtres sensibles. Certains sont devenus des choses utiles; d'autres des choses glorieuses, d'autres enfin des choses sacrées.

Orcades_341C'est à dire que chacune de nos parcelles n'a eu que le langage que l'homme a bien voulu lui donner. Mais c'est aussi par la faute de l'homme et par son ignorance que d'autres sont perdues ou gâchées.

Rappelez-vous de moi.

Alors vous apprendrez à vivre les pierres, celles qui sont levées dans les matins du Nord, celles que l'on a empilées sous les cieux plus limpides, celles qui sont sculptées pour des aurores plus douces.

Il vous faudra chercher leur nombre et le mien et celui de ma compagne qui dort encore."

Pendant qu'elle murmurait ainsi, le bord du cratère était devenu un grand cercle blanc et, lentement vers l'est, le soleil entamait sa course quotidienne.

Le murmure reprit.

Orcades_175"Dans vos civilisations successives, il y a toujours eu des hommes qui connaissaient les mystères de la marche du monde. Ils avaient des doigts pour les déterminer, pour figurer les symboles. Ils ont eu des pierres pour les y graver. Du nombre est venu le signe, puis du signe le symbole et, plus tard, le chiffre.

Par la voix de l'homme, le nombre prit un son, puis une gamme et enfin un chant. Dans ce chant, il y avait un rythme et tout cela provoquait une résonance, résonance du coeur de l'homme sur le coeur de la nature, à travers le coeur des pierres et ceci afin d'être compris par le coeur des dieux.

Et les dieux envoyèrent sur terre des fées pour guider les hommes vers un merveilleux perpétuel. Ces fées étaient des femmes, mais ces femmes furent des rêves.

Il plait à l'homme de revivre ces rêves, il lui plait de rejoindre ces fées, parce que ces fées dorment dans la pierre.

Orcades_244Et ces pierres furent les premiers médiums de l'homme vers la création et son harmonie."

C'est dans un faible souffle que les derniers mots s'évanouirent. Une lueur subite se fit dans la vallée verte, jaillissant au-dessus des cimes.

Les yeux de la femme disparurent et une brume légère sortant de de sa face vide, comme la rosée matinale, s'évapora doucement en la tiédeur des premiers rayons du soleil.

On eut pu distinguer un sourire d'une douceur ineffable et d'une indicible joie comme un envol vers un appel mystérieux. Des volutes de ces vapeurs matutinales, rosée des philosophes, pierres des sages, furent absorbées intimement en leur montée allègre.

Il ne resta plus bientôt, au bord du cratère toujours sombre, qu'une grande pierre figée dans le sol indiquant les mystères d'un temps.

D'autres pierres seront d'autres femmes. Il se peut que l'une d'entre elles, Venus hyperboréenne ou fille de kheops, prêtresse du soleil ou odalisque orientale revenue aux bords de la mer bleue vivre tout à son souvenir de cristal une réminiscence du passé et une vibration de l'avenir, comme l'émeraude au milieu des roses rouges.

Le nombre lui sera peut-être froid, mais elle saura aussi que son ombre est celle du mystère qui voile les choses et les rends plus vraies.

La connaissance apporte une joie et c'est cette joie que nous essayons de partager.

Maurice Guingand

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Commentaires
A
j habite loin des pyrenées ,de l'autre coté de la mer du milieu ;donc je peux sans crainte vous parler,chere damedulac,d un livre dont je ne trouve aucune trace (même pas sur le web );je l'ai eu entre les mains pendant des moments dedepression entre 1995 et 2000 et ça m'a beaucoup aidé .il s'agit du conte à contes "le chateau aux neuf portes "de M.Guingand oh oui cétait beau et merveilleux 'plein de sagesse et de symboles rassurants.mais dommage ce livre n'etait qu'un pret (tombé du ciel au bon mom.t)
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