L'ermitage de Galamus, historique
L'Agly, la rivière des aigles, a tranché dans les roches calcaires des gorges, uniques par leur profondeur et leur étroitesse, qui furent pendant des millénaires un bout de monde, un désert au sens religieux du terme. La rivière est alimentée par de nombreuses sources et résurgences parfois chaudes (27°C) que l'on trouve tout le long des gorges.
http://fr.youtube.com/watch?v=KCi1rDqQDv8
Historique
Habitées sans doute depuis des centaines de siècles, les grottes naturelles s'ouvrant dans les entrailles de la paroi devinrent un refuge pour les ermites qui, depuis le VIIème siècle, y construisirent leurs modestes cellules, vécurent dans la prière et l'abstinence et moururent ici.
Ils placèrent le site sous la protection d'Antoine, leur saint patron, patriarche des moines du désert. Les premiers documents écrits concernant l'ermitage datent du XVème siècle. En 1482, les chanoines du chapitre de Saint-Paul-de-Fenouillet donnèrent Galamus aux franciscains, "pour y entretenir la dévotion". Mais rapidement les deux communautés religieuses furent en désaccord et les procès, jugés au parlement de Toulouse, succédèrent aux procès.
En 1560, les religieux de saint François abandonnèrent l'ermitage qui redevint propriété du chapitre. Jusqu'à la révolution française des ermites gardiens continuèrent à y vivre, Galamus étant pour les habitants de Saint-Paul-en-Fenouillet un lieu sacré où l'on se rendait souvent en solennelle procession pour invoquer la protection de saint Antoine. Témoin celle qui fut organisée en 1782 lors de la grande épidémie de suette (sorte de gangrène ) qui tua 14 personnes en 4 jours mais s'arrêta après cette manifestation de foi.
En 1791, comme tous les biens appartenant à l'église, l'ermitage fut vendu aux enchères. Mais son acquéreur, Pierre Baudet, ermite lui-même, ne fit que protéger ce bien qu'il rendit en 1807 à la fabrique de l'église de Saint-Paul, association qui gérait les biens paroissiaux.
Ce n'est qu'en 1843 que l'ermitage retrouve la tradition franciscaine avec l'arrivée du Père Joseph Chiron appelé "Père Marie".
Le XIXème siècle fut celui de la modernité. La municipalité de Saint-Paul avait défendu depuis longtemps le projet d'une route reliant les Pyrénées Orientales à l'Aude, et qui passerait par les gorges de Galamus. Celle-ci fut percée, non sans mal, et achevée en 1892. Cet exploit technique fut chanté par le poète local Léonce Rives et son quatrain en occitant, gravé dans la roche, au-dessus du tunnel, marque l'entrée des gorges.
« Dins aquel roc pelat que trauco la sabino
Oun l'aglo dins soun bol gausabo soul beni
Penjat per un courdel ambe la barromino
L'home coumo l'ausel a troubat un cami »
« Dans ce roc pelé que troue la sabine
Où l'aigle dans son vol osait seul venir
Pendu par une corde avec la barre à mine
L'homme comme l'oiseau a trouvé un chemin »
L'ermitage est aujourd'hui propriété du bureau de bienfaisance de Saint-Paul, (action sociale), et une exposition permanente retraçant l'historique de ce site va y être ouverte.
Anciennes photos tirées du site :
http://jeantosti.com/galamus/galamus.html
Texte sur Galamus écrit en 1995 pour la mairie de Saint-Paul de Fenouillet par Guy Normand