Cet autel, un des chefs d’oeuvre de la sculpture romane classé monument historique, unique en France, est formé de quatre blocs en calcaire blanc marmoréen. Il fut sculpté dans le premier quart du XIIème siècle siècle :
- sur la face principale, un Christ en gloire entouré de ses apôtres.
- sur la face nord, quatre scènes de la vie de la Vierge (Annonciation, Nativité, Présentation de Jésus au Temple et Assomption)
- sur la face sud, la donation de l’église, où l’on voit un roi remettant au chapitre de Saint-Vincent de Mâcon une maquette de l’édifice.
Le Christ en gloire
Extrait de "Histoire du beaujolais et des sires de beaujeu, suivie de l'armorial de la province", publié 1853 par le Baron Ferdinand de La Roche La Carolle, copie de l'exemplaire de la New York Public Library par Google-books :
"La face antérieure représente le Christ assis sur une chaise à l'antique et dans l'attitude de donner sa bénédiction. Cette figure est enfermée dans un médaillon creusé en forme d'ellipse ogivale, occupant toute la hauteur du panneau depuis la plinthe jusqu'à la corniche."
"A gauche et à droite de ce médaillon se trouvent les douze apôtres, rangés trois par trois, tous assis et disposés sur deux lignes, une supérieure et l'autre inférieure. Les noms de quatre apôtres sont gravés au-dessous des figures du premier rang.
Il est impossible de juger aujourd'hui si, dans la ligne inférieure,
quelque nom avait été écrit, attendu l'état de détérioration de la base.Saint Pierre tient une clef, presque tous ont un livre à la main. Les animaux symboliques des quatre évangélistes sont placés autour du médaillon : l'ange, l'aigle, le bœuf et le lion."
Les doigts du Christ sont très longs, comme ceux des vierges noires. La chaise antique ressemble fort à un utérus flanqué des deux trompes. Regardez-bien. La mandorle en est un autre symbole... Ses pieds sont nus, comme chez les grands sages au contact direct de la Terre, et ne sont pas posés au sol, signe de rapprochement avec le divin, mais aussi signe d'initiation. Il nous montre la voie.
"Presque tous les apôtres ont un livre à la main", sauf un, qui par l'orientation de ses mains, nous indique les courants énergétiques de l'église.
Donation de Notre-Dame d'Avenas
Extrait des "Archives historiques et statistiques du département du Rhône":
"Sous le maitre-autel est un fort beau retable en marbre blanc, sculpté en relief, que Sévert regardait comme un des plus anciens monuments chrétiens qui existât dans le diocèse. Il représente Louis-Le-Débonnaire, la couronne en tête, fléchissant le genou, tenant entre les mains une espèce de chapelle qu'il présente à un religieux (Saint Vincent), et que celui-ci reçoit, ayant la main gauche sur la poitrine, pour marquer l'acceptation qu'il en fait, ou comme si tous les deux voulaint offrir ce temple à la Vierge. On y voit aussi les douze apôtres. Au bas est cette inscription en lettres, partie gothiques partie romaines :
(RE) X LUDOVICVS PIVS ET VIRTVTIS AMCVS (c'est) le roi Louis, (l'homme) pieux et ami de la vertu
OFFERT AEECLESIAM RECIPIT INTIVS ISTAM (qui) offre (cette) église : (saint) Vincent la reçoit
LAPADE BISSENA FLVITVRVS IVLIVS IBAT dans une douzaine de jours Juillet allait être révolu
MORS FVGAT OBPOSITV REGIS AD INTITUM la mort met en fuite et conduit à sa perte (celui) qui s'oppose au roi.
On assure que ce bas-relief a été découvert, en 1612, par les soins de l'évêque de Mâcon, Gaspart Dinet."
L'inscription est sujette à polémique :
"Severt, chanoine de Beaujeu, est le premier qui ait fait connaître cet autel. Il lui fut signalé par monseigneur Dinet, évêque de Mâcon, qui l'avait découvert pendant le cours d'une visite pastorale. Notre historien dit que Louis-le-Débonnaire, se rendant à Aix en Provence en 824 ou 830 pour assister à un concile, passa par Avenas, où il s'arrêta chez des religieux qui y avaient un couvent ; qu'il profita de son séjour en ce lieu pour faire démolir le château de Torvéon, ancienne retraite du traître Ganélon que Charlemagne avait vaincu, et qu'en commémoration de cette victoire, Louis-le-Débonnaire aurait fait édifier l'église et l'autel d'Avenas.
L'autel d'Avenas, étudié sous le rapport de l'art, ne peut plus être classé au nombre des monuments carolingiens. Le style de la composition, le trait du dessin, l'exécution de la sculpture et surtout la forme des lettres de l'inscription s'y opposent invinciblement; tandis que tout y révèle au contraire l'époque du XIème siècle, dont il porte tous les caractères. Il faut donc abandonner l'ancienne prétention, ainsi que la légende rapportée par Severt, et chercher le motif de l'érection ailleurs que dans l'histoire de Ganélon et la prétendue démolition de sa forteresse par Louis-le-Débonnaire."
Nativité de Notre-Dame d'Avenas
On retrouve autour de cette Nativité trois autres scène de la vie de la vierge : l’Annonciation, La présentation au temple et la Dormition-Assomption. Au milieu, un pilier où se retrouvent 3 éclatoirs, signe que 3 courants se croisent sous l'autel.
Regardez la figure centrale de la Dormition-Assomption : la Vierge au centre, comme au dessus d'un bateau (la barque d'Isis), sur lequel serpente un reptile (Apophis)... Un voyage dans l'au-delà en barque, égyptien comme concept, non ?
"La Présentation au temple occupe la partie droite : le vieillard Siméon se dispose à prendre dans ses bras l'enfant Jésus apporté par la Sainte-Vierge et saint Joseph.
Les deux tableaux de la partie inférieure sont plus difficiles à expliquer. Celui de droite représente une figure alitée ; un homme la soutient, et une jeune fille assise vers le pied du lit paraît se livrer à la douleur. Dans le fond apparaît le buste d'un homme enveloppé d'une draperie soutenue par deux mains qui semblent descendre du ciel.
Dans le tableau de gauche, on voit une figure couchée sur un lit et dans l'attitude de la souffrance ; une femme lui présente un enfant au maillot."
Les svastikas
Aux quatre coins du dessus de l'autel et en son centre on trouve des svastikas dextrogyres, ainsi qu'un papier scotché indiquant aux visiteurs que ce symbole, datant de la consécration de l'église au XIIIème siècle, n'a rien à voir avec L'Allemagne hitlérienne...
"Le svastika est le symbole de la connaissance du transcendantal et peut se faire dans les deux sens : par les voies détournées de la main droite ou de la main gauche (c’est à dire par tous les moyens possibles). En effet la connaissance du transcendantal ne peut être atteinte directement étant en dehors de toute logique humaine, c’est pourquoi les branches de cette dernière sont tordues et se perdent dans l’immensité indéterminée de l‘espace.
Ceci dit, suivant son orientation, on lui attribue une signification de chance ou de malchance mais même si ce symbole est commun à toutes les civilisations, ces dernières n’ont jamais donné la même signification à son sens rotatif.
C’est le symbole de l’homme qui se place au centre de la croix, au centre des 4 directions ou des 4 éléments, et qui cherche à s’orienter dans l’espace qui l’entoure, espace infini en perpétuel mouvement rotatif.
C’est donc le symbole de l’humilité dont l’Homme doit faire preuve face à l'Univers et à la Connaissance suprême qui ne lui est pas accessible." ( http://www.jainisme.com/symbolique/svastika/ edit 26/09/10 : lien disparu)
A l'arrière de l'autel, comme on peut le voir sur le dessin tiré de l'ouvrage de Ferdinand de La Roche La Carolle, se trouve un réceptacle, où devait se trouver les reliques servant à la dédicace.