L'église abbatiale
Même si l'on peut imaginer que des constructions du XIème siècle l'ont précédée sur cet emplacement, il est évident que sa reconstruction puissante au milieu du XIIème siècle témoigne du rayonnement du monastère.
Il s'agit en fait d'une réalisation des plus élaborées, car elle superpose une vaste église haute à nef unique sur une crypte à déambulatoire et chapelles rayonnantes en totale discordance de plan avec l'abbatiale. Elle est bâtie sur un plan en croix latine.
La façade de l'abbatiale n'est qu'un mur provisoire aménagé, la nef n'ayant pas pu être achevée dans les conditions prévues : conçue pour la célébration solennelle de la messe conventuelle, cette vaste église de près de 14m de large et de 16m de haut devait comporter 5 travées. La crise de la fin du XIIème siècle limita son développement à deux travées.
En dépit de celà, l'abbatiale Notre-Dame illustre les caractères originaux de l'architecture romane provencale à son apogée : simplicité du plan, nudité des parements, puissance des murs gouttereaux doublés par de profondes arcatures, élégance des voûtes en berceau légèrement brisé, renforcé de doubleaux à ressauts retombant sur des piles cruciformes à arêtes vives.
L'abside, de plan semi-circulaire, d'un diamètre égal à la largeur de la nef, partage avec elle une certaine austérité.
Le croisillon Nord s'ouvre sur sur une chapelle gothique, édifiée au XIVème siècle sous le vocable de Notre-Dame-la-Blanche pour abriter la sépulture de l'abbé Bertrand de Maussang.
La volonté de se protéger du vent dominant, et les problèmes liés à la déclivité du rocher expliquent l'absence d'ouverture au Nord et les murs pleins tant dans la nef que dans le sanctuaire, remarquable par l'assymétrie de ses trois larges baies en plein cintre ébrasées vers l'intérieur du choeur.
La dalle de l'autel se positionne au croisement de plusieurs courants telluriques, mais le point le plus énergétique reste sous la croisée du transept, en dessous du Christ bénissant.
Au Sud, trois portes donnaient accès au logis abbatial et au cimetière rupestre, à l'escalier à vis conduisant au clocher et à la salle capitulaire.
La croisée du transept de plan barlong en raison de la grande largeur de la nef, a été remontée au XIIIème siècle. Sa voûte d'ogive, dont la clé s'orne d'un quatre-feuilles avec figuration du Christ bénissant, retombe sur deux colonettes surmontées de chapiteaux gothiques à crochets.
Au XVème, deux nouvelles chapelles sont venues s'ajouter sur le flanc Nord : la première qui a servi de sacristie, conserve un lavabo du XVIIIème siècle, la suivante abritait le trésor des chartes de l'abbaye.