Bourbon-l'Archambault dont le nom est tiré à la fois du dieu celte des
sources, Borvo, et de la première famille des Bourbons, les
Archambault, est connue depuis l'Antiquité pour les vertus de son eau
thermale. Situé sur la voie romaine venant de Bourges (Avaricum),
Bourbon-l'Archambault était le chef-lieu d'une châtellenie dont
dépendaient Franchesse et Saint-Aubin-le-Monial.
C'est dans cette ville que se situe au XIIème siècle le "Roman de
Flamenca", histoire d'amour écrite en langue d'oc. Le Bourbonnais,
fondé dès le Xème siècle à partir de la forteresse des sires, puis des
ducs de Bourbon, constitue la frontière entre le royaume de France et
le duché d'Aquitaine. Cette position-clé explique la fortification
impressionnante, dont quatre des quinze grosses tours encore intactes
permettent d'en mesurer la toute puissance.
L'église Saint-Georges
Simple chapelle bénédictine jusqu'au XIIIème siècle, l'église
Saint-Georges de Bourbon-l'Archambault est d'inspiration bourguignonne.
Construite dans la seconde moitié du XIIème siècle, sur l'emplacement
d'un ancien temple romain dédié à Apollon, l’église n’était à l'origine
qu'une simple chapelle abbatiale des "Dames de Saint-Menoux". Elle ne
devint église paroissiale qu'au XVIIIème siècle, et fut alors le siège
d'un important archiprêtré du diocèse de Bourges.
Pendant la Révolution, elle est devenue dépositaire d'un trésor
constitué par l'insigne Relique de la Vraie-Croix et une épine de la
Sainte-Couronne, l'une et l'autre apportées à Bourbon en 1287 par
Robert, le fils de Saint-Louis, époux de Béatrice, Dame de Bourbon et
dernière descendante de la lignée des sires de Bourbon.
Le plan de la chapelle primitive était celui de la "croix latine", peu
prononcée en raison du faible développement du transept. Elle
comportait trois nefs, la nef principale étant flanquée de deux
chapelles absidiales dédiées à la Sainte-Trinité et à Notre-Dame. Le
chœur était légèrement incliné à gauche.
Au XVème siècle, les bas-côtés furent élargis, au niveau de la
troisième travée, par la construction de deux chapelles latérales de
style gothique constituant une sorte de faux transept à la chapelle
primitive. Celle située au sud date probablement du début du XVème
siècle (début du gothique) ; elle s'ouvre par une baie en anse de
panier ; elle est voûtée sous quatre bandes d'ogives et éclairée par
deux fenêtres tréflées ; primitivement placée sous le patronage de
Saint-Crépin, elle est devenue "chapelle Saint-Georges". La
construction de la chapelle au nord est nettement postérieure à celle
de la précédente. Elle porte en effet la marque d'un gothique plus
avancé. Voûtée d'ogives avec liernes et tiercerons, elle est éclairée
par une baie à "rampage flamboyant" annonçant le gothique du même nom.
Primitivement dédiée à "Messire Saint-Antoine", elle porta
successivement les vocables de "Vigier" et de "Saint-Aubin" ; elle est
devenue la "chapelle de la Sainte-Croix" depuis le 12 juin 1791, date à
laquelle le maire de Bourbon y fit transporter les Reliques conservées
jusqu'alors dans la Sainte-Chapelle du château.
Entre 1845 et 1851, d'importants travaux d'agrandissement et
d'aménagement furent entrepris. Les chapelles absidiales disparurent.
L'église fut prolongée par un nouveau chœur profond, précédé de deux
travées et entouré d'un déambulatoire flanqué de trois chapelles
rayonnantes. A l'issue de ces travaux, les dimensions de l'église
furent portées à 52 mètres de long et 14m40 de large.
Entre 1871 et 1880, les bras du transept furent prolongés par deux
chapelles au plan semi-circulaire : la chapelle de la Sainte-Vierge en
1872, la chapelle du Sacré-Cœur en 1879.
Le monument lui-même est de style roman bourguignon "de transition".
La porte, construite dans un profond ébrasement sur l'axe de la nef
centrale, est formée de quatre puissantes archivoltes qui reçoivent
huit colonnes engagées dans des angles rentrants et dont les chapiteaux
sont couronnés de feuillages, d'ornements géométriques et de têtes
humaines dans le style de celles qu'on rencontre à Souvigny. Deux
autres colonnes, plus volumineuses, sont engagées sur la face,
surmontées de chapiteaux de même style que les précédents. Enfin, la
voussure de l'archivolte extérieure est ornée de rudentures (moulures
en forme de bâtons rappelant les éléments constitutifs de la frise
"dorique" de l'architecture grecque) pressées (visibles seulement sur
les côtés) s'apparentant à des triglyphes antiques.
L'ancien tympan en pierre a disparu pour faire place à une figuration en bois de Saint-Georges terrassant un dragon.
La partie supérieure du bahut est couverte d'un rampant soutenu par une
corniche fruste que supportent neuf modillons formés par des têtes
humaines, dont seuls ceux des extrémités sont en relativement bon état.
Sur les vingt-huit autres, répartis sous la corniche et dans les murs
des bas-côtés, on trouve encore quelques têtes humaines, mais plus
encore certains ornements géométriques d'inspiration régionale.
Les fenêtres de la façade sont en plein cintre, entourées d'un cordon de billettes.
Une gargouille à tête de démon part du point d'amorce de la chapelle de la Sainte-Croix avec le "bas-côté".
En entrant dans l'église, on remarque les caractères distinctifs du
style roman bourguignon : voûte principale dépourvue de fenêtres, en
tiers-point, ou berceau brisé, interrompu par les arcs en plein cintre
des croisillons, le tracé en arc brisé, en mitre, se retrouvant sur les
grandes arcades réunissant la nef aux bas-côtés qui, eux, sont voûtés
d'arêtes. Ces arcades reposent sur des piles cruciformes flanquées de
quatre colonnes engagées dont les bases sont allégées par une assez
large "scotie" ouverte entre deux "tores" parfois agrémentées d'un
"câble".
Les chapiteaux
Placés sous des tailloirs ornés ou simplement creusés d'un cavet qui se
prolonge, le long de la nef, dans un bandeau, plusieurs des chapiteaux
sont demeurés "épannelés", mais d'autres sont revêtus de feuilles
d'eau, de marques ou de scènes intéressantes. A l'opposé de l'influence
bourguignonne qui caractérise l'église, ces chapiteaux relèvent plutôt
du style sculptural auvergnat : chapiteaux ornés de rinceaux
symétriques et enroulés, hautement décoratifs, ou d'oiseaux, ou de
feuilles de plantes aquatiques, chapiteaux à personnages.
L'église ancienne comptait soixante-six chapiteaux au galbe uniforme.
Un certain nombre d'entre eux ont disparu lors des travaux
d'agrandissement de l'église. Il en subsiste un peu plus de cinquante.
Certains sont sculptés, d'autres sont peints ; plusieurs sont à la fois
peints et sculptés ; neuf, enfin, sont des chapiteaux dits "à
personnages" de style typiquement auvergnat.
Parmi ces derniers, il y a lieu de citer :
celui se trouvant sur la face du premier pilier gauche (peint et
sculpté) représentant un évêque avec sa crosse et entouré de trois
infirmes ;
celui dit "des musiciens", l'un des plus remarquables, sur la face du
pilier gauche de la chapelle du Sacré-Cœur, avec un personnage semblant
battre la mesure, entouré d'autres jouant du syrinx (flûte de Pan), de
la viole et du cor ;
ceux des piliers du transept représentant : l'un des anges sonnant de
la trompette au jugement dernier et l'autre des anges présentant des
phylactères énumérant les bonnes et mauvaises actions ;
d'autres, sur chaque pilier du chœur (de face), représentant : l'un des
anges adorateurs étendant les bras comme les anges "orants" des
catacombes, l'autre deux anges bénissant le peuple ;
sur le pilier gauche du chœur (côté nef) sont représentés deux anges
portant une couronne, représentant la Très Sainte Trinité au milieu de
laquelle se tient l'Agneau Pascal;
sur le pilier droit du chœur (côté nef) on peut voir un mélange de
têtes humaines et d'oiseaux fantastiques affrontés au milieu de volutes
de feuillages et de grappes de fruits ;
le dernier des chapiteaux "à personnages" (sur la face, côté neuf, de
la "Vierge de Pierre") est celui dit de la "Luxure" représentant un
diable cornu entouré de deux personnages montés sur un bouc et
soufflant dans un cor.
La Chapelle de la Sainte-Vierge
Elle est dominée par l’admirable statue, en marbre blanc, de la "Vierge
à l'Enfant" datant du XIVe siècle, qui provient de la première
Sainte-Chapelle du château (autel de Notre-Dame, au-dessus du Trésor).
Cette statue fut apportée à l'église le 12 juin 1791, en même temps que
les Saintes-Reliques, ce qui la préserva probablement d'une totale
destruction.
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