Ágioi Déka (Άγιοι Δέκα)
Église d’Ágioi Déka
Dans la plaine de Messara, à quelques kilomètres de Gortyne, sur une petite colline d’environ 170m de hauteur, se trouve le village d’Ágii Déka ou Ágioi Déka (Άγιοι Δέκα).
Partout des traces de son ancienneté : colonnes romaines en remploi, portes romaines des granges et des maisons, antiques sarcophages en guise d’abreuvoir.
Se trouvaient ici l’ancien quartier sud-ouest de Gortyne et ses nécropoles.
C’est dans ce village que se trouve l’église des dix saints, ou Ágioi Déka, qui lui a donné son nom.
Les dix saints, Théodule, Saturnin, Eupore, Gélase, Eunicien, Zotique, Pompée, Agatope, Basilide et Évariste (Theodoulos, Saturninos, Euporus, Gelasios, Eunikianos, Zotikos, Pobius, Agathops, Vasileides et Evarestos en grec), dont Il est dit qu’ils furent les disciples de saint Cyrile, évêque de Gortyne, furent martyrisés en 250 sous l’empereur Trajan Dèce qui demanda à tous les sujets de son empire de faire un sacrifice aux dieux romains afin d’obtenir la paix et éviter les invasions barbares.
Les dix saints crétois, attachés à leur foi chrétienne, refusèrent. Ils furent présentés devant le gouverneur, en résidence à Gortyne. Ils furent alors condamnés à des peines plus horribles les unes que les autres, faisons confiance au génie créatif des hommes. Mais cela ne suffit pas et il fallut, pour s’en débarrasser, les faire décapiter. Ce qui fut fait, le 23 décembre 250 dans l’amphithéâtre de Gortyne.
Le témoignage écrit le plus ancien sur les saints se trouve dans la lettre-confession de foi orthodoxe envoyée en 457 par les évêques de Crète à l'empereur Léon Ier. Les Dix Saints y sont déjà mentionnés comme protecteurs de la Crète.
L’église d’Ágioi Déka est une basilique à trois nefs, datant du XIIe siècle et remaniée durant la période vénitienne. Elle fut construite sur les fondations d’un bâtiment paléochrétien bien plus grand, du IVe siècle, dont on retrouve une colonne érigée sur le parvis. Cette basilique paléochrétienne fut elle-même bâtie à l’intérieur de l’amphithéâtre romain de Gortyne où se déroula le martyr des saints.
La nef centrale, en contrebas de l’entrée (le narthex fut construit au XXe siècle), couverte d’une voûte d’ogive, est probablement au même niveau de sol que l’ancienne église, ou du sol de l’arène romaine de l’amphithéâtre.
Elle est séparée des nefs latérales par des colonnes monolithiques. Les colonnes, provenant probablement des ruines de Gortyne, ont été renversées et la base se retrouve avec la fonction de chapiteau.
Les peintures murales entre les colonnes sont datées du XIIe ou du XIVe siècle.
Les nefs latérales, consacrées à saint Charalampos (évêque de Magnésie, martyr du début du IIIe siècle) et saint Tite (l’un des 72 disciples du Christ ayant reçu l’Esprit-Saint, compagnon de saint Paul et premier évêque de Crète mort à Gortyne), sont couvertes d’une voûte en berceau.
Dans l’église, protégé d’un coffre en bois de cyprès, se trouve la pierre en marbre sur laquelle, selon la tradition, les saints se seraient agenouillés avant leur décapitation, laissant l’empreinte de leurs genoux.
Proche de l’église, sur un terrain en contrebas du niveau actuel du sol, furent mises à jour les ruines d’une ancienne chapelle.
Agia Limni (Αγία Λίμνη), le tombeau des 10 saints
Quelques centaines de mètres plus loin, un peu à l’écart du village vers l’ouest, se trouve la chapelle d’Agia Limni.
C’est là que fut découvert au XXe siècle, après l’asséchage d’une pièce d’eau créée par les villageois, alimentée par les eaux de pluie et par la rivière Litheos (son nom vient du Léthé, le fleuve de l'oubli des Enfers. Avec un A privatif, il devient aletheia, la vérité ou absence d'oubli), une ancienne catacombe où se trouvent, selon la tradition, les sarcophages des dix saints.
Les habitants, qui l’appelaient, allez savoir pourquoi, le lac saint, l’utilisaient, bien que l’eau soit impure, pour abreuver leurs animaux et constataient de nombreux miracles et guérisons.
On raconte qu’un jeune homme, en 1898, faisant paitre ses bêtes près du lac, fut pris d’une forte fièvre. Les dix saints lui apparurent et lui recommandèrent d’aller boire de l’eau du lac. Ce qu’il fit. Et il fut guéri. Plusieurs autres cas similaires furent rapportés et la nouvelle se répandit et bientôt les crétois arrivèrent de toutes les régions pour trouver la guérison.
Les villageois, voulant en avoir le cœur net, firent appel à saint Euménios, chef spirituel du monastère de Koudoumas, qui leur confirma l’histoire des dix saints et c’est en 1902 que l’évêque d’Arcadie Vasilios Markakis, en visite à Agioi Deka, décida de vider le lac. Ils trouvèrent alors des tombes qui furent identifiées comme celles des dix saints.
Quatre d’entre eux se trouvent dans une petite crypte blanchie à la chaux, ancienne catacombe se trouvant actuellement sous le parvis de l’église qui fut construite entre 1915 et 1917.
Devant la porte, un récipient et un gobelet permet aux visiteurs de se servir d’eau bénite.
Devant l’église, sur le parvis, un baptistère quadrilobé.
https://viagallica.com/grece/ville_agioi_deka.htm#eglise_dix-saints